Quelle Histoire !

Le mardi 20 janvier 2009, sur les marches du Capitole, à Washington, Barack Hussein Obama, né d’un père kényan et d’une mère blanche du Texas, est devenu le 44e président de la plus grande puissance de la planète. Prodigieuse destinée d’un homme exceptionnel, bien sûr, mais aussi d’un pays où les Noirs, longtemps réduits en esclavage, ne disposent du droit de vote que depuis moins de cinquante ans. Récit en images de ces vingt-quatre heures après lesquelles le monde ne sera plus tout à fait comme avant.

Publié le 27 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

L’histoire de ce 20 janvier 2009 commence… en 1619, un an avant l’arrivée des Pilgrim Fathers du May Flower, quand un navire hollandais débarque à Jamestown, sur la côte de Virginie, sa cargaison d’esclaves raflés en Afrique de l’Ouest – coup d’envoi de l’ignoble traite négrière.

De révolte en massacre et d’émeute en lynchage, elle s’est poursuivie près de quatre siècles durant et vient de prendre fin, par un froid glacial, sur les marches du Capitole, à Washington. Peu avant midi, sur le National Mall, immense parc bordé de musées, monuments et mémoriaux où bat le cœur de l’hyperpuissance, le vent de l’Histoire s’est levé. Et une page s’est tournée.

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Quand, devant deux millions d’Américains – et d’étrangers – de toutes couleurs, la grande Aretha Franklin (66 ans), dont le plus célèbre tube (Respect) fut, comme on a pu l’écrire, la « bande-son de la lutte pour les droits civiques », a entonné les premières mesures d’une version très soul du Star-Spangled Banner, l’hymne national, les plus anciens, qui n’ont pas oublié les émeutes de Watts, en 1965, ou l’impitoyable écrasement des Black Panthers, quelques années plus tard, ont dû un instant se demander s’ils ne rêvaient pas. Peut-être l’invraisemblable bibi d’Aretha, transposition couture des vieilles coiffes du Deep South, restera-t-il, pour la suite des temps, comme le symbole délicieusement kitsch de la nouvelle ère qui s’ouvre…

Après avoir prêté solennellement serment sur la bible d’Abraham Lincoln – l’homme qui, en 1863, abolit l’esclavage sans mettre un terme à l’exploitation et à la ségrégation –, Barack Hussein Obama, moins « cool », plus tendu et solennel qu’à l’accoutumée, ce qu’on lui pardonnera, est donc devenu le 44e président des États-Unis d’Amérique. Placé dans l’ombre menaçante des « nuages qui s’amoncellent » et des « orages qui grondent », son discours d’investiture a été une fervente exhortation à « reconstruire l’Amérique » dévastée par huit ans de bushisme, de sinistre mémoire. Récession économique, Irak, Afghanistan, Proche-Orient… La tâche qui attend le premier président noir des États-Unis, qui, ironie de la grande Histoire, ne l’est probablement devenu que parce que son histoire personnelle – du Kenya à Hawaii, en passant par l’Indonésie – n’a rien à voir avec celle des descendants d’esclaves, est titanesque. Déjà, cyniques et « réalistes » ironisent, jugent déplacés, démesurés, les espoirs suscités par l’auteur de L’Audace d’espérer. Grand lecteur de la Bible, ce dernier ne l’ignore pas : « L’esprit souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient ni où il va. » Il en va de même du vent de l’Histoire.

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