Paroles, paroles, paroles…
Censé assurer l’intégration économique des États membres de la Ligue, le programme adopté au Koweït se borne… à des recommandations.
A défaut de prendre des mesures politiques fermes à la suite de l’offensive israélienne contre Gaza, les vingt-deux pays arabes ont unanimement approuvé un programme censé assurer leur intégration économique, objet du sommet qui s’est tenu à Koweït City, les 19 et 20 janvier. Mais, là non plus, il convient de ne pas se faire d’illusions. Les recommandations ne font que reprendre ce que les économistes arabes ressassent depuis trente ans, comme la nécessité d’investir massivement dans l’agriculture et l’eau, dans la connexion des réseaux routiers, ferroviaires, maritimes, électriques et gaziers, dans les énergies nouvelles comme le solaire et le nucléaire, dans les projets industriels. Le sommet du Koweït a donc recommandé que des moyens financiers, notamment les pétrodollars dont disposent certains pays arabes, soient consacrés en priorité à des projets dans les infrastructures, l’agriculture et l’industrie. En vue du sommet, le secrétariat de la Ligue arabe a reçu les dossiers de plus de quatre cents de ces projets, mais ils sont restés dans les cartons. La seule décision concrète du sommet a été la mise en place d’un fonds doté de 2 milliards de dollars destiné à financer les petites et moyennes entreprises. Une goutte d’eau dans l’océan.
Pourquoi ? Car à l’absence de volonté politique se sont ajoutés les effets de la crise financière internationale : les fonds des pays arabes placés à l’étranger – notamment ceux du Golfe – sont en train de fondre comme neige au soleil. Des sommes astronomiques continuent d’être dépensées dans des achats massifs d’armements, dont on se demande à quoi ils servent, ou à des projets immobiliers spéculatifs et peu productifs. Si l’on en croit Cheikh Mohamed Al Sabah, le ministre koweïtien des Affaires étrangères, qui l’a annoncé à la veille du sommet, ces pays ont perdu 2,3 trillions de dollars au cours des quatre derniers mois. Cela n’a pas empêché les investisseurs du Golfe de consacrer plus d’une dizaine de milliards de dollars au sauvetage d’établissements financiers aux États-Unis et en Grande-Bretagne…
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