Un gel bien calculé

Le chef de la junte au pouvoir décide de suspendre les relations avec l’État hébreu. À la grande satisfaction de ses concitoyens.

Publié le 27 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

De retour du Qatar, le 17 janvier vers 21 heures, Mohamed Ould Abdelaziz ne monte pas dans la voiture qui l’attend à l’aéroport de Nouakchott. Il préfère s’offrir un bain de foule, sur près d’un kilomètre. En partie arrivés dans des bus affrétés par des partisans du général, brandissant son portrait, scandant son nom, des fans le félicitent de sa décision, annoncée la veille depuis Doha.

Dès le début de l’offensive de l’État hébreu sur Gaza, fin décembre, les Mauritaniens ont réclamé cette suspension. Dans leur très grande majorité, ils n’ont jamais accepté que leur pays soit le seul État du Maghreb à accueillir une ambassade israélienne. Mais à ce jour, personne n’avait osé défaire ces liens, officiellement noués en 1999, en vue d’un rapprochement avec les États-Unis. « Aziz », lui, a osé. Au ban de la communauté internationale depuis qu’il a renversé Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le 6 août dernier, il n’a rien à perdre diplomatiquement. Ni les États-Unis ni Israël n’ont d’ailleurs réagi au lendemain de son annonce. Le manque à gagner économique sera limité, la coopération avec Tel-Aviv se cantonnant à quelques programmes médicaux et agricoles. Mais il n’a pas échappé au putschiste que sa popularité se trouverait renforcée par sa décision.

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Le choix du lieu et du moment pour l’annoncer est habile : Doha, lors d’un minisommet arabo-musulman consacré à Gaza, boycotté par les pays arabes dits « modérés » (notamment l’Arabie saoudite et l’Égypte). En y assistant et en se joignant à la décision du Qatar de suspendre les relations avec Israël, Ould Abdelaziz s’est placé dans le camp de l’émirat. Sa présence a d’ailleurs été appréciée : un avion de Qatar Airways a été mis à sa disposition pour l’aller-­retour entre Nouakchott et Doha.

Pour Dah Ould Abdi, ex-ministre des Affaires étrangères et représentant en Mauritanie de Qatari Diar, l’outil d’investissement de l’émirat, « le général Ould Abdelaziz a fait un placement très porteur, qui ouvre de belles perspectives économiques ». Ou, plutôt, qui va prolonger des perspectives déjà ouvertes : en février, Qatari Diar doit entamer la construction d’un complexe hôtelier sur le littoral, à 15 km de Nouakchott. Le coût du projet, ficelé avant la prise de pouvoir de Ould Abdelaziz, est évalué à 400 millions de dollars.

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