Comment il dirige
Le vrai Bouteflika
Une chose est sûre, le chef de l’État n’est pas un homme pressé. « Tout ce qu’il entreprend, il le fait dans une perspective historique, explique Hamid Temmar, ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements et certainement celui qui le connaît le mieux, pour être son ami d’enfance. Il est extrêmement soucieux de stabilité. Pour lui, les réformes économiques ne pouvaient qu’avancer à un rythme lent. Tout ce que vous avez pris pour des tâtonnements, des changements de cap ou des hésitations ne sont en fait que de la gestion, du management. Ainsi des privatisations ou de la loi sur les hydrocarbures. Pour les privatisations, il a estimé que nous n’étions pas encore prêts. Il pensait que le processus menaçait la stabilité du pays, ses équilibres. Les syndicats étaient en colère, les grèves se multipliaient. Il a tout arrêté, allant même jusqu’à m’écarter. Plus tard, il m’a rappelé pour faire exactement le même job… »
« Il ne décide jamais dans la précipitation, il mûrit longuement sa réflexion, consulte, prend son temps. Il veut comprendre, se penche sur des détails qui nous paraissent sans importance », raconte Djamel Ould Abbès. « Il se renseigne auprès de plusieurs sources, témoigne Abdelaziz Belkhadem. Cela m’a posé des problèmes quand j’étais chef du gouvernement. J’étais pressé et je trouvais parfois qu’il prenait trop de temps. »
Quelle est la nature de ses relations avec ses collaborateurs ? À l’époque où il était Premier ministre et où il s’était ouvertement déclaré candidat à l’élection de 2004, Benflis, entre autres, décrivait un personnage colérique, comme pouvait l’être Boumédiène. « Il est impulsif, précise un de ses proches, et ne prend pas toujours de gants. Il peut être colérique, mais pas avec tout le monde. Il sait très bien avec qui il peut se le permettre. Il ne l’a jamais été, par exemple, avec Ouyahia. » D’autres, comme Benbitour, ont critiqué sa fibre autoritaire. « Il est vrai que si l’on a avec lui une relation antérieure à son arrivée au pouvoir, on peut plus facilement discuter, débattre, précise Belkhadem. En tant que Premier ministre, je n’ai jamais eu de problèmes avec lui. Quand il fait confiance à quelqu’un, il laisse faire. Ministre des Affaires étrangères, c’était plus compliqué : il connaît tout et tout le monde. C’est son domaine réservé, et il fallait vraiment des arguments très forts pour le convaincre. »
Pour Bouteflika, c’est le président qui doit mettre en place et diriger l’action de l’exécutif. Une conception qui n’a pas été sans conséquences sur ses relations avec quelques-uns des cinq Premiers ministres avec lesquels il a travaillé. Ahmed Benbitour (décembre 1999-août 2000) a ainsi préféré démissionner. Ahmed Ouyahia ? « C’est un “soldat” discipliné, intelligent, travailleur et rigoureux », commente un ministre. Manière de dire qu’il sait ne pas dépasser les limites et attendre son heure…
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Le vrai Bouteflika
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