Exit Laurent Nkunda

Publié le 26 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

L’arrestation, le 21 janvier à Gisenyi (Rwanda), du général rebelle congolais Laurent Nkunda, leader du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), au moment même où les armées rwandaise et congolaise sont engagées dans des opérations communes dans le Nord-Kivu, est a priori surprenante. Pourtant, elle était attendue par ceux qui ont suivi de près le dossier, ces dernières semaines.

L’entrée en République démocratique du Congo de milliers de soldats rwandais pour « traquer » les membres des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) a été largement orchestrée par les États-Unis, impliqués depuis longtemps dans la région. Les Américains ont en effet demandé au gouvernement congolais d’accepter cette opération pour prouver sa bonne foi à Kigali, qui l’accuse de soutenir les FDLR. Mais faire revenir l’armée rwandaise en RD Congo comportait un risque politique majeur pour le président Joseph Kabila. D’où la contrepartie exigée par Washington auprès du Rwanda : lâcher Nkunda et le neutraliser.

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Pour cela, il fallait commencer par affaiblir ce dernier au sein même de son mouvement. Ce rôle a été confié à Bosco Ntaganda, l’un de ses commandants, qui, contre toute attente, a annoncé la fin de la rébellion et le ralliement de ses hommes à l’armée régulière. Nkunda n’a pas vu venir la fin de son aventure. À cet égard, les négociations de Nairobi avec les autorités congolaises semblent n’avoir été qu’un piège dans lequel il est tombé.

Kagamé agacé

D’autres raisons ont contribué au changement d’attitude du Rwanda, qui, malgré les accusations de son voisin, a toujours soutenu que Nkunda était une affaire purement congolaise. La réalité est différente. À Kigali, même si la « cause » défendue par le général rebelle était populaire au sein de l’opinion, ses agissements avaient fini par agacer le président Paul Kagamé lui-même. En réalité, Nkunda était devenu « incontrôlable ». Surtout depuis qu’en novembre 2008, grisé par ses victoires sur l’armée congolaise, il avait juré de marcher sur Kinshasa. Une ambition démesurée qui n’a pas manqué de gêner le Rwanda vis-à-vis de ses partenaires étrangers. Lesquels ont menacé avec de plus en plus d’insistance de suspendre leur aide financière. C’est ce qu’ont fait les Pays-Bas, en décembre 2008, bientôt suivis par la Suède mais aussi le Royaume-Uni, l’un des plus sûrs soutiens du régime rwandais.

Laurent Nkunda hors jeu, que va-t-il se passer ? Restera-t-il détenu au Rwanda ou sera-t-il livré aux autorités congolaises ? Prendra-t-il le chemin de l’exil en Afrique du Sud ou dans un autre pays, comme les Américains lui en ont déjà fait la proposition ? Une chose est sûre : le chef du CNDP, qui avait été amnistié pour faits de rébellion lors de la Conférence de Goma, en janvier 2008, risque d’être à nouveau poursuivi, chez lui, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

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