Le « crève-coeur » de Ban Ki-Moon

Publié le 26 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

On ne l’a pas assez remarqué, mais le coup de gueule de Ban Ki-Moon à l’adresse d’Israël n’est pas banal. Et il pourrait ne pas rester sans conséquence. Le 20 janvier à Gaza, le secrétaire général de l’ONU a pu constater les ravages matériels et humains provoqués par « l’armée morale » (Tzipi Livni dixit).

Devant les ruines encore fumantes du siège de l’UNRWA, l’organisme chargé des réfugiés palestiniens, il a parlé de « crève-cœur ». Les attaques contre les civils et les bâtiments de l’ONU sont, à l’en croire, « scandaleuses et totalement inacceptables ». Quant aux responsables, ils « devront rendre compte de leurs actes devant les instances judiciaires appropriées ».

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C’est la première fois qu’un patron de l’ONU menace Israël des foudres de la justice. Dans des circonstances comparables, un Kofi Annan se contentait d’appeler l’État juif « à la retenue et au respect du droit international ». Parallèlement, la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye, est saisie d’une avalanche de plaintes déposées par des ONG (souvent israéliennes), des pays ou de simples particuliers. Les dirigeants israéliens, politiques comme militaires, sont accusés d’avoir, pendant la guerre contre le Hamas, commis des crimes de guerre caractérisés.

Israël sait que la CPI ne peut être saisie que par le Conseil de sécurité de l’ONU et compte sur le veto américain pour éviter ce désagrément. Mais au nom du principe de « compétence universelle », des juges qui, à Bruxelles, Londres ou Madrid, ont eu à connaître de plaintes contre les dirigeants israéliens peuvent leur demander des comptes lors de leurs déplacements à l’étranger.

Prudente, Tzipi LivniI

La menace est prise très au sérieux à Tel-Aviv, où l’on redouble de vigilance tout en préparant la défense. La censure militaire interdit la divulgation dans les médias de l’identité des officiers, jusqu’aux commandants de bataillons, ayant participé à l’opération « Plomb durci ». Avant le voyage de Tzipi Livni à Bruxelles, le 21 janvier, le conseiller juridique de son ministère a pris soin de vérifier qu’aucun mandat d’arrêt n’avait été lancé contre la chef de la diplomatie…

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Pour le moment, les Israéliens sont encore dans l’euphorie de la victoire, puisque Tsahal ne déplore qu’une dizaine de morts. Mais avec les élections du 10 février, l’ambiance d’union nationale fera long feu.

Des jugements plus lucides quant au bilan de la guerre de Gaza commencent à être dressés. Voici par exemple ce qu’écrit Gideon Levy dans le Haaretz du 22 janvier : « Pour Israël, cette guerre s’achève sur un échec total. Au-delà de notre faillite morale, déjà grave en elle-même, nous avons été incapables d’atteindre les objectifs que nous nous étions fixés. Le seul résultat de cette guerre, ce sont des alignements de tombes, des milliers d’estropiés, de terribles destructions et la détérioration de l’image d’Israël. » Conclusion de notre courageux confrère : « Israël est devenu un pays violent et dangereux, dépourvu de toute retenue, ignorant les résolutions de l’ONU et se fichant complètement de la loi internationale. Il va lui falloir en rendre compte prochainement devant la justice. »

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