Cent usines en trop

Publié le 26 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Pour mener le monde entier à la plus grande crise économique qu’il ait connue, il a fallu que les principaux acteurs se laissent aller, chacun dans son domaine, à une grande faute.

On a dénoncé, mais seulement après coup, celle des banquiers américains (et la cupidité des fonds spéculatifs) : ils ont pollué le système financier mondial et mis le feu à la maison.

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Mais l’on n’a pas évoqué jusqu’ici l’extraordinaire aveuglement des fabricants de voitures alors qu’il est au cœur de la crise et attise l’incendie.

L’industrie automobile est l’industrie mondiale par excellence. Elle emploie directement et indirectement des dizaines de millions d’hommes et de femmes sur quatre des cinq continents*. Mais elle est entre les mains d’une quinzaine de grands opérateurs qui se partagent 92 % du marché mondial.

La course au gigantisme dans laquelle ils sont engagés les a conduits – a conduit leurs entreprises et les pays dont ils se réclament – au désastre dont chacun de nous peut observer les dégâts.

Rassemblés, les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’industrie automobile s’est donné la capacité de produire 94 millions de véhicules par an dans 300 usines réparties dans une trentaine de pays. Mais les besoins mondiaux et la capacité de vendre des industriels de l’automobile ne sont, eux, que de 60 à 65 millions de véhicules par an.

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Résultat : près du tiers de la capacité de production est inutilisé et quelque 30 millions de voitures par an sont soit non produites, soit invendues !

Les usines travaillent aux deux tiers seulement de leurs possibilités et, par conséquent, mettent du personnel au chômage.

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Les grandes marques perdent de l’argent et voient leur capitalisation boursière fondre comme neige au soleil. Elles appellent à l’aide, menaçant de se mettre en faillite.

Elles doivent, en tout cas, se résoudre à fermer plusieurs dizaines d’usines, en commençant par les moins rentables : celles situées dans les pays où les salaires sont les plus élevés.

Parce qu’elle a inconsidérément voulu jouer à qui produit le plus de véhicules, grossir plus et plus vite que le marché, cette industrie a cessé d’être un des moteurs de l’économie mondiale.

Par la faute de ses dirigeants, elle en est aujourd’hui un des boulets et doit se résigner à se contracter.

On prévoit la fermeture de cent usines sur trois cents et, à moyen terme, la disparition de quelques-uns des « grands noms » de cette industrie…

* En dehors de l’Afrique du Sud, le continent africain est, heureusement ou malheureusement pour lui, vierge d’usines automobiles, sauf celles d’assemblage.

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