Pragmatique et centriste

Publié le 26 janvier 2009 Lecture : 3 minutes.

Nous avons été les premiers au monde, je crois bien, à écrire dans Jeune Afrique et dans La Revue, dès le début de 2008, qu’un couple noir pourrait être installé en 2009 à la Maison Blanche.

Par les électeurs américains (blancs à plus de 80 %).

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Barack Obama est, depuis le 20 janvier, le 44e président des États-Unis : ce qui était à peine imaginable il y a encore quelques mois est donc devenu réalité.

L’événement a été ressenti, à juste titre, comme extraordinaire et a suscité, partout dans le monde, un torrent d’images, d’informations, d’analyses et de commentaires.

Je m’étais promis de ne pas y ajouter et, par conséquent, de ne pas traiter de ce sujet, ici, cette semaine. Je n’ai en définitive pas pu m’y résoudre et voici ce qu’il me paraît utile d’ajouter à ce que vous avez pu lire ou entendre.

1) Les États-Unis et le monde ne peuvent que se féliciter d’avoir vu partir à la retraite (et ainsi perdre la capacité de nuire qu’ils ont exercée pendant trop longtemps) le couple maléfique constitué par George W. Bush et Dick Cheney.

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Quoi qu’il arrive désormais, cet acquis appréciable est engrangé.

2) « Yes we can », a proclamé Barack Obama à la face de ses concitoyens et du monde. Dans son discours d’investiture, il a solennellement renouvelé l’engagement de changer les choses.

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Désormais aux commandes – et au travail, avec les hommes et les femmes qu’il a choisis –, il doit remplacer le discours par l’action.

Avec l’obligation de ne pas décevoir les espoirs que son personnage, ses paroles et sa performance ont suscités.

Je préviens ses admirateurs les plus jeunes et les plus à gauche qu’ils ne vont pas tarder, eux, à être… interloqués, car, depuis son élection, Obama s’est révélé être un pragmatique et un centriste.

– Pragmatique : « Le pragmatisme n’est pas un gros mot : c’est d’obtenir des résultats, et cela peut être une doctrine. » Cette phrase est de James Baker, mais Obama pourrait la signer.

– Centriste : l’écrivain américain Russel Banks, qui le connaît bien, assure que : « Obama est avant tout un centriste. Il va gouverner au centre : non seulement le centre du Parti démocrate, mais le centre de l’éventail politique américain.

Regardez la composition de son gouvernement (avec en particulier Hillary Clinton) et la liste de ses principaux conseillers économiques. Elles ne laissent certainement pas présager ce changement qu’Obama nous avait promis durant sa campagne. »

3) Dans son discours d’investiture, Barack Obama a tenu à parler :

– de l’islam, en rappelant que c’est l’une des grandes religions du peuple américain ;

– des pays musulmans, en annonçant que, sous sa présidence, l’Amérique cherchera à renouer le dialogue avec eux dans un esprit de respect mutuel.

Ce disant, il ne visait pas les pays arabes, mais les grands pays musulmans (non arabes) : l’Indonésie et la Turquie, avec lesquelles, a-t-il dit, il faut consolider et améliorer ce qui existe ; l’Iran, traité par son prédécesseur en « pays du mal » et avec lequel il veut, lui, restaurer des liens de partenariat et de confiance.

4) Mais que peut faire ce fils d’Africain pour le continent de son père ?

Une chose importante à laquelle, faute d’avoir sa sensibilité, ses prédécesseurs ne pouvaient même pas songer et qui, venant de lui, métamorphoserait le paysage africain, la relation que nous avons avec nos dirigeants politiques :

Qu’il dise à chacun de nos chefs d’État ou de gouvernement, aussi discrètement que le commande l’efficacité, mais aussi clairement que possible, qu’il ne manifestera d’estime et n’accordera l’aide des États-Unis qu’à ceux d’entre eux qui :

– servent leur pays et leur peuple, au lieu de se servir, de servir leur famille ou leur clan ;

– respectent les droits de leurs citoyens au lieu de défendre ceux de leurs hommes (de main).

Cette ingérence-là serait la bienvenue et, émanant de lui, d’une incroyable efficacité.

Non Barack Obama ne va pas décevoir. En tout cas, pas dans les quatre années de son actuel mandat : il hérite d’un pays et d’un monde où il a tant à corriger qu’il n’a qu’un embarras – par quoi commencer – et une interrogation – qu’est-ce qui peut attendre ?

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