Crise aux États-Unis: le livre aussi

Licenciements, gel des salaires… les éditeurs américains doivent faire face à la chute des ventes.

Publié le 20 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Le 3 décembre 2008, l’édition américaine a connu, selon l’expression de Livres Hebdo, son « mercredi noir ». Ce jour-là, le groupe Random House, numéro un aux États-Unis, a lancé un vaste plan de restructuration, tandis que Simon & Schuster, filiale du groupe de communication CBS, et Thomas Nelson, leader dans le domaine du religieux, annonçaient des suppressions d’emplois par dizaines.

Après l’immobilier, la finance, l’automobile, la crise économique atteint le livre de plein fouet. Penguin et Macmillan ont décidé de geler les salaires de leurs collaborateurs. Houghton Mifflin Harcourt, qui compte parmi ses auteurs Philip Roth, a suspendu toute acquisition de nouveaux droits.

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Blockbusters

Autant de mesures motivées par la baisse des ventes (20 % en octobre 2008, plus de 3 % sur les douze derniers mois) et les restrictions de crédit. Mais les difficultés de l’édition américaine ne sont pas toutes à mettre sur le compte de la crise actuelle. Elles trouvent, pour une bonne part, leur origine dans le mouvement de concentration amorcé au début des années 1960. Axée sur les blockbusters, la politique des grandes maisons a conduit à une hausse vertigineuse des avances. On se souvient des 10 millions de dollars versés par Knopf à Bill Clinton pour son autobiographie (My Life). Mais il n’est pas rare que d’illustres inconnus touchent 1 million de dollars.

Encore faut-il rentabiliser de tels investissements. Et trouver chaque année des auteurs et des livres susceptibles de faire de nouveaux best-sellers. Après cinq ans de profits records tirés du succès du Da Vinci Code, Random House, qui misait sur une suite au roman de Dan Brown, laquelle se fait toujours attendre, a bu la tasse en 2008.

Si les Américains brillent de mille feux dans de nombreuses industries culturelles, ce n’est pas le cas pour l’édition, dominée par les Européens. Les plus grands groupes mondiaux sont britanniques et néerlandais (Pearson, Reed Elsevier, Wolters Kluwer…), allemands (Bertelsmann, Holtzbrinck…), français (Hachette), italien (De Agostini) ou espagnol (Planeta). Le numéro un mondial, Thomson (édition professionnelle, produits et services numériques), est canadien.

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Aux États-Unis même, les Européens font la loi. Random House appartient à Bertelsmann depuis 1998. Après le rachat, en 2006, de Time Warner Book, Hachette s’est hissé aux tout premiers rangs du marché américain.

Doit-on s’étonner que l’édition de littérature générale, qui tourne autour de quelques best-sellers au détriment de milliers d’auteurs talentueux mais moins cotés, soit si mal en point ? Une étude publiée en 2004 montrait que la majorité des Américains ne lit pas même un livre par an. En vingt ans, le pays a perdu 20 millions de lecteurs potentiels. Ceci explique aussi cela.

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