Jean-François Limantour

Président du Cercle euro-méditerranéen des dirigeants du textile, de l’habillement et des industries de la mode (Cedith)

Publié le 19 janvier 2009 Lecture : 1 minute.

Jeune Afrique : Le Maroc est-il touché par la crise ? Quels sont ses handicaps ?

Jean-François Limantour : Tout laisse à penser que le textile marocain pourrait être sévèrement touché en 2009 par la crise, d’autant que deux de ses principaux marchés, l’Espagne et le Grande-Bretagne, vont, de l’avis unanime des experts, connaître une situation économique cataclysmique, se traduisant entre autres par une baisse drastique des importations d’habillement. Quant aux principaux handicaps du Maroc, le pays souffre surtout de l’analphabétisme et de coûts de production et de salaires élevés. Le smic horaire y est plus élevé de 31 % qu’en Tunisie. Les industriels marocains se plaignent aussi des lourdeurs logistiques et administratives, comme avec les douanes.

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Le Maroc s’apprête à lancer un plan de soutien. Quel sens doit-il prendre ?

Je ne suis pas certain que les autorités marocaines ont pris la pleine mesure de la gravité de la situation du secteur du textile-habillement. Traditionnellement au Maroc, on considère que le secteur est compétitif, comme en témoigne sa balance commerciale excédentaire, et qu’il n’a donc pas besoin d’aides particulières. En Tunisie, à juste titre, on pense tout à fait le contraire, et le gouvernement agit en conséquence en multipliant les mesures de soutien. L’appel des industriels marocains pour un soutien public ne doit pas rester lettre morte, sinon les conséquences pourraient être dramatiques dans ce secteur clé pour les équilibres socio-économiques du Maroc, en termes tant d’emploi que d’exportation !

La concurrence chinoise est-elle toujours d’actualité ?

Beaucoup croient que le textile chinois, pris dans la crise et confronté à une hausse des coûts, régresse. Mais il n’y a qu’à voir les statistiques européennes : il continue de gagner des parts de marché. Non seulement dans le bas de gamme mais aussi sur le fast fashion. D’ailleurs, depuis un an, la Chine prospecte en Méditerranée et en Afrique pour y délocaliser des entreprises. Depuis le 1er janvier 2009, l’Europe n’impose plus de licence d’importation ni de contrôle aux produits importés de Chine… Dont la volonté d’expansion hégémonique est toujours aussi forte.

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