Les Tigres pris au piège
Après une série de graves revers militaires, la longue et sanglante guérilla tamoule paraît à bout de souffle.
Dans le nord du Sri Lanka (une île de 20 millions d’habitants située au sud-est de l’Inde) se joue sans doute le dernier acte d’une interminable guerre civile. Au cours des dernières semaines, l’armée gouvernementale a remporté plusieurs victoires décisives face aux séparatistes tamouls : de la conquête de la ville de Kilinochchi, QG de la résistance, le 2 janvier, à la prise de contrôle d’Elephant Pass, le passage stratégique qui mène à la péninsule de Jaffna, dans l’extrême nord de l’île. Celle-ci est le bastion historique de la minorité tamoule et hindouiste (18 % de la population), dans ce pays majoritairement cinghalais et bouddhiste.
Arrivés pour la plupart pendant la colonisation britannique du Sri Lanka, au XIXe siècle, les Tamouls ont été les grandes victimes de la politique ultranationaliste menée par le pouvoir cinghalais depuis l’indépendance, en 1948. Apparu dans les années 1970, le mouvement des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) se bat pour la création d’un État indépendant dans le nord et l’est du pays et ne recule pas devant les opérations les plus barbares. Entre bien d’autres exactions, il a commandité les assassinats de l’ancien Premier ministre indien Rajiv Gandhi, en 1991, et de l’ancien président sri-lankais Ranasinghe Premadasa, deux ans plus tard.
Son fondateur, Velupillai Prabhakaran (54 ans), a peu à peu transformé le LTTE en une organisation quasi militaire. Admirateur d’Alexandre le Grand et de Napoléon, ce fin stratège ne tolère aucune critique. Il exige de ses hommes une obéissance absolue et une fidélité sans faille à la cause. Considéré par ses adversaires comme un meurtrier mégalomane, il a déjà été condamné par la justice cinghalaise à… deux cents ans de prison. Contraint de vivre dans la clandestinité dans la jungle du nord-est de l’île, il aurait échappé à de nombreuses tentatives d’assassinat. Mais l’étau se resserre. Pour ne pas être capturé vivant, il pourrait n’avoir d’autre choix que d’avaler la capsule de cyanure que, comme tous les Tigres tamouls, il porte en permanence autour du cou.
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