Istiqlal : Abbas, en attendant le dauphin
Le parti de la Balance reconduit à sa tête le chef du gouvernement. Mais la bataille pour sa succession ne devrait pas tarder à s’ouvrir.
Ovationné par les 4 500 congressistes, porté en triomphe à l’issue de sa réélection, félicité par le roi… Abbas El Fassi aura pu, le temps du 15e congrès de l’Istiqlal, du 9 au 11 janvier, au stade Moulay-Abdallah de Rabat, oublier les attaques de la presse et se régénérer auprès de sa famille politique. Pourtant, ces derniers mois, le secrétaire général du parti de la Balance n’avait pas réussi à contenir la fronde : scission provoquée par Ahmed Fitri, un vieil apparatchik, qui a créé le Parti de l’unité et de la démocratie (PUD) ; menace de démission de Larbi Messari, ancien ministre de la Communication ; critiques de M’Hamed El Khalifa, candidat à la succession ; foire d’empoigne entre prétendants à la direction des organisations syndicales. Mais l’ordre est vite revenu dans la maison du père fondateur, Allal El Fassi, leader de l’indépendance, décédé en 1974.
Après une adaptation des statuts, le chef du gouvernement a été reconduit à l’unanimité au poste de secrétaire général pour les quatre prochaines années. « Tout finit bien. Khalifa, qui est un ami de cinquante ans, s’est retiré avec élégance. Je comprends sa déception de ne pas figurer au gouvernement, mais je suis le Premier ministre d’une large coalition », explique El Fassi, qui a profité de la grand-messe istiqlalienne pour défendre son bilan (hausse des salaires et des allocations, promotion de l’emploi, poursuite des réformes et des grands chantiers, modernisation de l’agriculture…). Les militants, eux, n’ont pas manqué d’insister sur la faiblesse du pouvoir d’achat, la flambée des prix, notamment celui du carburant, l’insécurité dans les villes et l’iniquité de la justice.
Mais le véritable enjeu du congrès était l’élection des membres du comité exécutif, première instance dirigeante, dont le nombre de membres est passé de 22 à 24 pour faire place à du sang neuf. « Nous avons fait sauter un verrou psychologique en ramenant à un seul mandat au conseil national, contre deux auparavant, le critère pris en compte pour se présenter, explique Ahmed Khalil Boucetta, député de Marrakech. Résultat : le comité a été renouvelé à 50 %. Aujourd’hui, la nouvelle génération bouscule l’ordre établi. » Un sang neuf incarné par les jeunes ministres. « Nous sommes rodés à la vie du parti… », glissait Yasmina Baddou, titulaire du portefeuille de la Santé à son collègue des Transports, Karim Ghellab, alors que le dépouillement des premiers bulletins dans la nuit de dimanche laissait augurer leur entrée au comité exécutif. Ils y ont rejoint Nizar Baraka, ministre délégué aux Affaires économiques et générales, et Ahmed Taoufiq Hejira (Habitat et Urbanisme). Les deux grands perdants, non reconduits, sont Abdelhak Tazi, plusieurs fois ministre, et Mohamed Benjelloun Andaloussi, à qui les militants ont fait payer ses attaques contre la direction du parti après son éviction de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM).
Nouvelles tensions en vue
Les prochaines semaines devraient raviver les tensions, avec le renouvellement des autres instances du parti, l’élection des dirigeants des chambres professionnelles, des représentants à la chambre des conseillers, la constitution des listes électorales en vue des communales de juin. Après cette dernière échéance, on s’attend à voir débuter la bataille pour la succession. « Le secrétaire général devra préparer un dauphin », indique un membre du comité exécutif. Les noms de Nizar Baraka, gendre d’Abbas El Fassi, d’Abdelouahed El Fassi, fils d’Allal, ou d’Ahmed Taoufiq Hejira sont régulièrement cités. Mais d’autres, comme Hamid Chabat, maire de Fès, pressenti pour diriger l’UGTM, ne manquent pas d’ambitions. Le Palais, après avoir souhaité l’élection d’Abbas El Fassi en 1997 pour écarter Ahmed Douiri, pourrait encore jouer de son influence. Profil idéal du futur secrétaire général : un quadra fidèle à la tête bien faite, représentatif du Maroc moderne.
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