Prince Johnson panique
Ancien chef de faction pendant la guerre du Liberia (1989-2003), Prince Johnson s’est une nouvelle fois illustré par ses propos aussi fracassants qu’invérifiables, le 12 janvier, en agitant le spectre d’un retour de la guerre civile. Membre depuis 2005 du Sénat, dont il dirige la commission de Défense, il a affirmé être en possession d’un rapport confidentiel de la Commission Vérité et Réconciliation, qui recommanderait son inculpation pour le meurtre du président Samuel Doe en 1990 (dont il avait filmé la torture puis l’exécution par ses hommes à Monrovia) ainsi que pour des massacres commis dans la région de Bong Mines (Nord). « Tous les dirigeants d’anciennes factions sont sur la liste. Nous sommes pour la paix, personne ne devrait lancer de chasse aux sorcières contre nous. Personne ne devrait essayer de m’arrêter car il y aura des résistances », a-t-il ajouté, menaçant.
Bluff ou sincérité d’un homme qui, au mois d’août, affirmait avoir directement participé à l’assassinat du président burkinabè Thomas Sankara ? Difficile à dire… Mais une chose est sûre : par ses menaces à peine voilées, Johnson vise à influencer la Commission Vérité et Réconciliation qui recueille, depuis juillet 2008, les témoignages sur les exactions commises dans le pays entre janvier 1979 et octobre 2003.
En novembre 2008, la Commission a décidé de publier une liste de 198 noms de chefs de guerre présumés pour les inciter à venir témoigner devant elle avant la clôture de ses travaux, en juin 2009. À cette date, elle devra remettre au gouvernement un rapport final recommandant, au cas par cas, l’inculpation ou l’amnistie de centaines d’auteurs présumés d’exactions. Et se prononcera également sur l’opportunité de créer ou non un tribunal spécial pour les inculpés. Prince Johnson a de bonnes raisons de s’inquiéter.
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