Que peut espérer l’Afrique ?
Bonne chance Mister President
Ceux qui, un peu naïvement sans doute, s’attendent à la manifestation rapide d’un tropisme africain de la part de la nouvelle administration américaine, sous prétexte que le président a des origines kényanes, risquent d’être déçus. Pas plus aujourd’hui qu’hier le continent n’est un théâtre géopolitique prioritaire pour les États-Unis. Il n’a été ni un thème de campagne électorale, ni le lieu de divergences d’appréciation entre démocrates et républicains pendant les deux mandats de George W. Bush. En dehors de quelques axes stratégiques majeurs – lutte antiterroriste, sida, protection de la forêt et bien sûr approvisionnement énergétique – ou ponctuels – Darfour –, sur lesquels d’ailleurs tout le monde ou presque est d’accord à Washington, l’Afrique subsaharienne est l’affaire du département d’État beaucoup plus que de la Maison Blanche. Les enjeux étant jugés moins importants, les ambassadeurs y jouissent d’une assez grande liberté d’action et d’opinion, qu’ils exercent volontiers sur les terrains des droits de l’homme, des conditions démocratiques de l’aide et de la transparence des élections – au grand dam parfois de leurs homologues européens, qui ne sont pas loin de pointer leur « irresponsabilité ».
L’Afrique étant en somme, depuis la fin de la guerre froide, le seul continent où les administrations républicaines pratiquent une politique de démocrates, rien de tout cela ne devrait changer même si, pour l’anecdote, la cohabitation entre la très captatrice Hillary Clinton, secrétaire d’État, et la très impulsive Susan Rice, représentante auprès de l’ONU, promet sur ce dossier aussi quelques étincelles. On ignore tout de ce que les nouvelles autorités feront d’Africom, ce projet de commandement militaire pour l’Afrique lancé en fanfare à la mi-2007 et, depuis, toujours à l’état de coquille vide.
Quant à Obama lui-même, dont le père fut l’une des victimes de la malgouvernance à l’africaine et que l’on dit passionné par l’hydropolitic (« la politique de l’eau ») en Afrique de l’Est, sans doute faudra-t-il attendre son premier voyage présidentiel sur la terre de ses ancêtres pour y voir plus clair.
Et le Maghreb ? Sur ce point aussi, peu de changement a priori. Incluse depuis toujours par le département d’État dans la zone « Proche-Orient » – et donc détachée du reste du continent –, cette région relève de la « politique arabe » des États-Unis, sur le mode mineur, c’est-à-dire non prioritaire. L’ouverture vis-à-vis de la Libye devrait donc se poursuivre, et ceux qui attendent une implication directe des États-Unis pour percer enfin l’abcès du Sahara entre l’Algérie et le Maroc (même si Hillary Clinton n’a laissé que de bons souvenirs dans ce dernier pays) seront vraisemblablement déçus. Tant que les intérêts américains ne seront pas menacés, Barack Obama aura la tête ailleurs…
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