Roselyne, si tu savais 


Publié le 19 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Une semaine en trois citations. 14 janvier, Paris. Le Sénégal s’immisce en plein Conseil des ministres à l’Élysée. Rouge de colère, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, exprime son « indignation » à propos de la condamnation, une semaine plus tôt à Dakar, de neuf homosexuels à huit années de prison. Relais immédiat de Nicolas Sarkozy, qui fait part de son « émotion » et de sa « préoccupation ». Séance tenante, Bernard Kouchner est prié d’intervenir après des autorités sénégalaises pour obtenir la remise en liberté des détenus. Bel exercice d’ingérence vertueuse : l’homophobie est un mal qui progresse sur le continent, sur fond d’instrumentalisation religieuse et politique. Exercice médiatique aussi. Opportun, c’est une autre histoire. Pour qui connaît l’allergie des élites africaines aux injonctions dispensées par l’ex-puissance coloniale, il n’y a pas plus sûr moyen de braquer la justice sénégalaise. Quant à l’opinion locale, elle attend avec intérêt que les morts de Gaza s’invitent eux aussi à la table du Conseil élyséen.

15 janvier, Washington. Du discours d’adieu de George W. Bush à la nation américaine et de la conférence de presse qui précède, je ne retiens que cette phrase pathétique. « Je ne sais pas pourquoi certains sont devenus hostiles, mais une chose est sûre : quand je rentrerai chez moi au Texas, et que je me regarderai dans la glace, je serai fier de ce que je verrai. » Cette fois, les journalistes ont été polis. Ils ont gardé leurs chaussures aux pieds. Le froid hivernal, sans doute…

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16 janvier, Gaza. Alors que l’on fait le bilan de l’assaut furieux de la veille – un hôpital, un dépôt de vivres et de médicaments de l’ONU et un autre du Croissant-Rouge bombardés par Tsahal – me revient cette phrase mise en exergue par Christophe Barbier dans son édito de L’Express cette semaine : « Israël a raison de mener cette guerre et il le fait aussi pour notre tranquillité. » Le « notre » prend ici toute sa saveur. De qui s’agit-il ? Pas des Palestiniens, de toute évidence, ni des Arabes, des musulmans, des Sénégalais et de tous ceux qui ne sont ni juifs, ni chrétiens, ni occidentaux. Ce « combat pour les valeurs » auquel nous préparait depuis des mois la propagande israélienne, Barbier l’a rencontré. On mettra donc au compte de la guerre sainte contre le terrorisme cette indication courageusement relevée par le Haaretz : un tiers des morts et des blessés de Gaza sont des enfants, une proportion jamais atteinte dans un conflit de mémoire récente. « Le Hamas se dissimule lâchement au milieu des civils », nous explique-t-on, comme s’il existait dans ce bantoustan surpeuplé dont la moitié des résidents ont moins de 15 ans des lieux qui ne soient pas au cœur de la population civile. Beau sujet d’indignation pour Roselyne Bachelot, n’en doutons pas, au prochain Conseil des ministres… 

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