Choléra: une maladie de la misère

Doyen honoraire de la faculté de médecine d’Abidjan. Membre correspondant de l’Académie française de médecine.

Publié le 13 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Des centaines de morts au Zimbabwe et au Kivu (RD Congo), et revoilà notre fléau ancestral à la une des journaux ! Se manifestant par des cas isolés, le choléra endémique n’attire pas l’attention, même s’il constitue une menace latente. Mais il devient épidémique dans les régions où les conditions sanitaires sont durablement désorganisées et ne permettent ni le traitement des malades ni la prévention chez les sujets sains.

Le choléra est une infection de l’intestin causée par le vibrion cholérique présent dans l’eau ou les aliments souillés par des « mains sales », voire par des mouches ayant été en contact avec les déjections d’un malade. Les signes apparaissent en quelques heures et, au plus tard, en 4 à 5 jours, d’où la nécessité de reconnaître au plus vite les premiers cas. La maladie se manifeste par une diarrhée aqueuse très abondante (jusqu’à 30 litres par jour), qui peut provoquer la mort par déshydratation en quelques heures. En l’absence de traitement, la mortalité est supérieure à 50 % ; avec traitement, elle est inférieure à 2 % . Et si 20 % seulement des sujets porteurs de vibrions deviennent malades, tous disséminent la maladie.

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Le traitement est essentiellement axé sur la réhydratation : soit par des solutions orales peu coûteuses et parfaitement adaptées en cas de faible déshydratation, si le malade ne vomit pas ; soit par voie intraveineuse. Le traitement antibiotique, lui, est secondaire et n’est pas recommandé à titre préventif. La vaccination n’apporte qu’une protection partielle et limitée à six mois environ : ce n’est pas la solution pour arrêter une épidémie

La prévention individuelle repose sur des règles d’hygiène simples : se laver les mains au savon avant de faire la cuisine, avant de manger et après tout contact avec un malade ; boire de l’eau non contaminée, bouillie ou désinfectée au chlore ; éviter les aliments crus, les glaces ou les glaçons ; consommer des fruits et légumes pelés ou épluchés. Pour la collectivité, seuls restent efficaces un approvisionnement en eau saine, un réseau convenable d’évacuation des déjections fécales ou, au minimum, des feuillées profondes et entretenues loin en contrebas des points d’eau. Bref, le choléra est un bon test du niveau sanitaire et social d’un pays.

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