Les vraies performances 
des Bourses africaines

Douala est première, Tunis et Abidjan limitent la casse, Lagos s’effondre… L’évolution en dollars des index boursiers révèle bien des surprises.

Publié le 13 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Champagne ! Accra meilleure performance boursière au monde en 2008, avec une hausse de 58 %, Tunis troisième, avec + 17,1 %… Relayé le 6 janvier par la presse africaine, le classement d’un magazine français saluait le dynamisme des Bourses africaines. La réalité est plus nuancée. « L’indice du Ghana Stock Exchange [GSE] a progressé de 58 % en cedis. Si l’on raisonne en dollars, la hausse est de 20,7 % seulement », corrige Christopher Hartland-Peel, directeur de l’analyse financière pour Exotix Ltd à Londres. À l’aune de l’index qu’il a établi, Accra n’est que la quatrième progression africaine, alors que Douala est première avec + 44,8 % (voir tableau). La Bourse du Cameroun ne compte cependant que deux entreprises, la Société africaine forestière et agricole du Cameroun (Safacam, depuis juin dernier) et la Société des eaux minérales du Cameroun (SEMC, depuis 2006). Le titre SEMC a progressé de 55 % sur l’année.

Avec 30 entreprises et 2,8 milliards de dollars, Accra présente la dixième capitalisation boursière du continent, derrière la BRVM d’Abidjan, par exemple (7e avec 5,5 milliards de dollars). En 2008, le GSE a bénéficié d’importantes introductions, dont Total Petroleum Ghana (capitalisation de 83 millions), SIC Insurance (77 millions) et UT Financial Services Limited (55 millions). Pour Christopher Hartland-Peel, Accra reste la place à suivre : « Les élections ont confirmé la stabilité politique, les deux principales ressources d’exportation, or et cacao, bénéficient de cours élevés, et le pétrole arrive en 2010. »

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Casablanca, troisième Bourse africaine derrière Lagos et Le Caire, avec une capitalisation de 65,8 milliards de dollars, accumule en revanche les contre-performances : l’index Masi a perdu 13 %, après une hausse de 22 % en 2007. Casablanca perd du terrain depuis septembre, traduisant les craintes des investisseurs locaux sur les valeurs immobilières et sur le tourisme. « Tout cela était prévisible, la place était devenue beaucoup trop spéculative, les opérateurs ayant tous une vision à court terme », commente Youssef Benkirane, président de l’Association professionnelle des sociétés de Bourse (APSB), qui note que les particuliers ont représenté 40 % du volume échangé. Il estime que la baisse pourrait se prolonger, une reprise ne pouvant voir le jour qu’à la lumière des résultats annoncés par les entreprises pour 2008 ou le premier trimestre 2009. « Elle ne pourra être solide sans la mise en place de mesures d’encouragement à l’épargne longue. »

Même inquiétude à Tunis, même si l’on se réjouit d’être distingué par Challenges avec une progression de 17,1 %. Sixième capitalisation boursière africaine (avec 6,7 milliards de dollars), la BVMT limite la casse avec une petite baisse de 5,2 % dans notre tableau. « Au cours des huit premiers mois de 2008, l’indice Tunindex s’était envolé de plus de 30 % », rappelle Rym Gargouri, du département recherche de Tunisie Valeurs. Elle rappelle que 2008 a été une année exceptionnelle grâce à des introductions phares comme celles d’Artes, concessionnaire de Renault et de Nissan, avec une capitalisation boursière de 263 millions de DT (220 millions de dollars), et de Poulina, plus grand groupe privé du pays (760 millions de DT). « Nous attendons quatre introductions l’année prochaine, dont Nouvelair et Les Ciments de Bizerte, entre 100 et 200 millions de DT chacune », ajoute Rym Gargouri. Mais il n’est pas certain que cela soit suffisant pour retrouver les performances de l’année écoulée.

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