Maroc : serrez vos ceintures !

En annonçant des mesures d’austérité et l’abandon de 15 milliards de dirhams d’investissements, le gouvernement jette un froid.

Nizar Baraka, le ministre de l’Économie et des Finances. DR

Nizar Baraka, le ministre de l’Économie et des Finances. DR

Publié le 24 avril 2013 Lecture : 1 minute.

Sans crier gare, le gouvernement Benkirane vient de décréter l’austérité. Nizar Baraka, le ministre des Finances, a beau jouer sur les mots (« je préfère parler de rigueur »), le choc est rude. Le 5 avril, 15 milliards de dirhams (environ 1,3 milliard d’euros) d’investissements publics prévus pour 2013 ont été abandonnés, soit le quart du budget d’investissement de l’année en cours. Les coupes les plus importantes (plus de 60 % de ces 15 milliards) concernent les cinq ministères qui investissent le plus : Économie, Agriculture, Équipement et Transport, Énergie et Mines, Intérieur. Elles toucheront également les secteurs sociaux, notamment l’Éducation nationale et la Santé.

Après des années de déni et d’obéissance aveugle au dogme de la dépense et des investissements publics, l’État réduit la voilure et donne un sérieux coup de barre, mais sans annoncer le cap. L’opposition s’étrangle. « C’est une décision dangereuse », s’indigne le socialiste Driss Lachgar. « De l’argent pris dans la poche des Marocains », a tonné Moncef Belkhayat, du Rassemblement national des indépendants (RNI), connu pour ses formules à l’emporte-pièce et lui-même sous le coup de procédures administratives pour sa gestion ministérielle passée.

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Urgence

Prise sans aucune concertation parlementaire ni effort de pédagogie, la décision apparaît surtout, pour les initiés, comme le résultat de l’inconséquence du gouvernement face aux bailleurs de fonds. En décembre 2012, une mission du Fonds monétaire international (FMI) – qui avait accordé en août au royaume une ligne de précaution de 6,3 milliards de dollars (4,8 milliards d’euros) – était repartie satisfaite de Rabat, avec la double promesse d’un déficit budgétaire maîtrisé autour de 6 % en 2012 et d’un calendrier de réduction qui ramènerait ce chiffre à 3 % en 2016. Deux mois plus tard, le ton a changé, et le FMI a envoyé d’urgence une nouvelle mission après avoir acquis la certitude que le déficit avait été largement sous-estimé. Il s’établit finalement à 8,1 % du PIB. Une différence d’environ deux points de PIB, soit 15 milliards de dirhams. CQFD.

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