Abderrahmane Mebtoul


Économiste, président de l’Association pour le développement de l’économie de marché (Adem)

Publié le 13 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Malgré la chute du cours du pétrole, l’Algérie pourra-t-elle financer sa politique de grands travaux ?

Abderrahmane Mebtoul : Une certitude : le problème de financement ne se posera pas en 2009. Par contre, avec un cours à 50-60 dollars le baril, des tensions budgétaires devraient se manifester dès le premier trimestre de 2011. Si le cours est plus faible, à 35-40 dollars/baril, ces tensions apparaîtront dès la fin de 2010. Et en cas de dépréciation des réserves de change placées à l’extérieur, la situation sera encore plus dramatique du fait de la chute du dollar.

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Les réserves de change peuvent-elles servir d’amortisseur ?

Plus de 90 % des réserves de change sont placées à l’étranger, dont 40 % en bons du Trésor américain, le reste étant placé dans des banques européennes. Avec la crise, un retrait prématuré des obligations entraînerait leur décote de plus de 30 %, et en espérant qu’une partie de ces placements n’a pas été confiée à des banques qui ont fait faillite. Ce qui est sûr, c’est qu’un cours bas du baril de brut couplé à un rythme de dépenses élevé entamera ces réserves : dans l’hypothèse d’un baril à 50 dollars et d’un volume de dépenses annuelles publiques de l’ordre de 70 milliards de dollars, les réserves de change seront de 26 milliards de dollars à la fin de 2010. En cas de baisse importante de ces réserves, il ne faut pas s’attendre à attirer des investissements porteurs. Et la difficulté est que l’endettement risque de nous guetter à des taux d’intérêt très élevés, du fait de la crise actuelle de financement au niveau mondial.

Quelle est l’urgence pour l’Algérie au plan économique ?

Passer d’une économie de rente à une économie productive indépendante des hydrocarbures, en s’appuyant sur quatre piliers : l’entreprise, le savoir, l’organisation en réseaux et la bonne gouvernance liée à l’État de droit. Il faut notamment une lutte efficace contre la corruption, qui s’est socialisée, démobilisant la population. Et investir prioritairement dans les secteurs de la santé et de l’éducation.

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