Le secret libanais

The Independent Quotidien, Royaume-Uni

Publié le 13 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Le Liban n’a pas de pétrole. Encore que… En 1976, la plupart des grandes compagnies pétrolières ont exploré des parcelles des fonds sous-marins au large du littoral, entre Batroun et Tripoli. Mais au moment où le Liban s’apprêtait à mettre aux enchères les adjudications, des troubles violents ont éclaté entre Syriens et Palestiniens, sur les lieux mêmes où les bureaux de­vaient être installés. En 1980, l’économiste libanais Marwan Iskander a suggéré au président Elias Sarkis de relancer les opérations. « Lorsque je lui ai fait ma suggestion, raconte Iskander, Sarkis m’a dit : “Écoutez, Marwan, les Libanais font déjà n’importe quoi sans pétrole. Si nous en produisons, ils vont perdre complètement la tête. De toute façon, si nous trouvions du pétrole, les Syriens ne nous laisseraient pas l’exporter.” »

Mais le pays a une ressource qui rapporte autant que le pétrole : c’est le seul État au monde dont 35 à 40 % de la population travaille à l’étranger. Ces Libanais de l’extérieur envoient à la mère patrie environ 7,6 milliards de dollars par an. Le Liban a également reçu, ces dernières années, 1,3 milliard de dollars sur les 7,6 milliards promis par la communauté internationale. Le reste viendra après les réformes politiques. Sans parler du milliard de dollars que le Hezbollah reçoit chaque année de l’Iran. Pour ce qui est de la dette publique, aucun problème. Au moins 24 milliards de son montant total de 45 milliards de dollars sont en devises étrangères, pour 21 milliards en monnaie libanaise. Mais 80 % de la dette étrangère est entre les mains de banques ou d’hommes d’affaires qui n’ont aucun intérêt à pousser leur pays à la banqueroute. Ils sont trop heureux de toucher des intérêts considérables. Quant à la dette intérieure, Siniora peut toujours faire jouer la planche à billets…

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Étrange pays… Dans ce Moyen-Orient catastrophique, il est presque comique de constater que le Liban – politiquement une Rolls-Royce sans roues – s’arrange pour joindre les deux bouts. Comment font donc les Libanais ? Ils sont optimistes. Peu d’entre eux connaissent la mise en garde du poète T. S. Eliot à leurs ancêtres phéniciens : « Phlébas le Phénicien, mort depuis quinze jours,

A oublié le cri des mouettes et la profonde houle

Et le profit et les pertes.

Un courant au fond de la mer

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A dispersé ses os…

Ô vous qui tenez le gouvernail et faites face aux vents,

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N’oubliez pas Phlébas qui jadis était grand et beau comme vous. »

Mais qui à Beyrouth se soucie encore de Phlébas au fond de la Méditerranée ? Un jour viendra peut-être où les Libanais découvriront sous ses ossements de riches trésors. 

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