Le Hamas face à ses responsabilités

Jeune Afrique et Financial Times 2009. Tous droits réservés

Publié le 13 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Soumis à l’implacable bombardement d’Israël, encerclé par Tsahal, le Hamas affronte l’une des crises les plus sévères de son histoire. Créé en 1987, le groupe islamiste paraît avoir gravement sous-estimé les conséquences de ses actes. Bien que l’État hébreu ait été le premier à violer le cessez-le-feu conclu en juin 2008, le Hamas a manqué de nombreuses occasions d’éviter une offensive israélienne. Il s’est engagé dans le conflit malgré une nette infériorité militaire et très peu de soutiens parmi les gouvernements arabes. Pire, en 2008, il a offensé son seul voisin arabe, l’Égypte, en dédaignant l’initiative du Caire visant à le réconcilier avec le Fatah. Pour le moment, le mouvement n’a qu’un seul objectif : survivre à l’assaut israélien. Et semble, malgré les erreurs commises, en mesure d’y parvenir. Israël dit ne pas avoir l’intention de renverser le Hamas, qu’il semble déterminé à affaiblir plus qu’à détruire. Tel-Aviv veut éviter une opération de grande envergure qui le conduirait à réoccuper la bande de Gaza et à administrer 1,5 million de personnes hostiles. En outre, il n’existe pas, de prime abord, d’organisation palestinienne ou internationale capable de reconstruire et d’administrer Gaza à la fin des hostilités. Les tentatives visant à rayer le Hamas de la carte politique sont de toute façon vouées à l’échec. Les racines du mouvement islamiste plongent profondément dans la société palestinienne. Il dispose de dizaines de milliers de militants. Et si certains d’entre eux portent des AK-47 ou des ceintures d’explosifs, d’autres dirigent des écoles, des orphelinats, des hôpitaux ou occupent les fonctions de maire, de ministre ou de député. En janvier 2006, le Hamas a remporté une victoire écrasante aux législatives. Il représente aujourd’hui au moins un électeur sur quatre. Autre raison de la réticence israélienne à écraser le Hamas : l’expérience du passé. En 2004, les assassinats ciblés de Cheikh Yassine, fondateur et leader du mouvement, et de son successeur, Abdelaziz al-Rantisi, n’ont pas arrêté son essor. Certains pensent que le capital politique que le Hamas pourrait engranger par ses provocations sera annulé par sa responsabilité partagée dans les souffrances des Gazaouis. Le mouvement islamiste sera peut-être obligé de résoudre la profonde contradiction qui le traverse. « À la fin de cette guerre, le Hamas devra décider s’il veut être un mouvement de résistance ou un parti politique. Quand il a gagné les législatives, il a déclaré pouvoir combiner les deux. Mais trois ans après, personne ne vous dira qu’il a réussi », affirme Mokhemra Abou Saada, professeur de sciences politiques à l’université Al-Azhar de Gaza. Qui estime qu’après la guerre la pression de la rue palestinienne pourrait réussir là où les bombes israéliennes ont échoué, en obligeant le Hamas à repenser ses objectifs. Ainsi que les moyens de les atteindre.

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