Spectre d’une année blanche

La rentrée prévue le 5 octobre dernier n’a toujours pas eu lieu. Les enseignants du public poursuivent leur grève et en appellent au chef de l’État.

Publié le 13 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Ce 7 janvier, comme tous les jours depuis trois mois, une poignée d’élèves du lycée d’État Paul-Gondjout de Libreville se sont rendus dans leur établissement désert. Ils s’y retrouvent pour tuer le temps. La rentrée n’a pas eu lieu à la date prévue, le 5 octobre 2008. Les enseignants du public font grève et refusent de reprendre les cours, malgré le spectre d’une « année blanche », sans examen à la fin de l’année.

â©Les profs réclament une amélioration de leur traitement, mais les négociations, jusqu’ici, ont échoué. Début janvier, une demande d’audience auprès du chef de l’État a été déposée. « Il est le seul à pouvoir arbitrer », explique Alain Mouagouadi, professeur de sciences physiques et membre de la Convention nationale des syndicats du secteur de l’éducation (Conasysed). « Nous avons vingt revendications, dont les principales portent sur une harmonisation des salaires entre les enseignants recrutés depuis 1991 et ceux recrutés avant, car les traitements varient du simple au double. Nous voulons également le rétablissement de la prime incitative de 100 000 F CFA par mois, et le paiement des arriérés de soldes », évalués à 18 milliards de F CFA par la Conasysed. Quant à la prime incitative, elle a été supprimée en 1991. La prime d’éloignement, elle aussi, a disparu, en 1995. Aujourd’hui un enseignant qui débute gagne 350 000 F CFA par mois et culmine à 450 000 F CFA. Un enseignant recruté avant 1991 touche entre 800 000 F CFA et 1 million de F CFA par mois en fin de carrière.â©

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Pour d’autres, l’essentiel ne concerne pas « le porte-monnaie », mais les conditions de travail en général. « Le principal problème est pédagogique : comment apprendre quelque chose à des élèves qui sont 80 par classe et qui ratent les contrôles le matin parce qu’il n’y a pas de transports publics ? Sans oublier que les élèves entre la 6e et la 3e n’ont jamais vu une éprou­vette », fulmine ce professeur de sciences de la vie et de la terre.

â©Pourtant, depuis octobre, les enseignants ont revu leurs exigences à la baisse. « Avec seulement le rétablissement de la prime d’incitation, nous accepterions de reprendre les cours », estime l’un des grévistes. Mais, même sur ce point, les négociations semblent bloquées. Dès le début de la grève, le dossier est rapidement passé du ministère de tutelle au Premier ministre, Jean Eyeghé Ndong, qui « en fait une affaire personnelle », estime Alain Mouagouadi. Certains pensent même que cette crise pourrait coûter son poste au Premier ministre, en fonctions depuis janvier 2006. Si la situation ne se débloque pas, un nombre croissant d’élèves – parmi les plus fortunés – risquent, comme Francis, d’abandonner le lycée d’État : « En février, si les cours n’ont pas repris, mes parents me mettent dans le privé », assure-t-il.

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