Les partis politiques en ordre dispersé
De nouveau victime de ses divergences, l’opposition va-t-elle manquer l’occasion de s’unir pour peser sur la transition ?
Au coeur de la junte
L’appel lancé le 26 décembre par le chef de la junte, invitant l’opposition et la société civile à lui soumettre des propositions pour l’élaboration de la feuille de route de la transition, a eu pour effet immédiat de rassurer. Mais pas seulement. L’invite a réveillé les vieilles dissensions entre les leaders de l’opposition guinéenne. Tous sont d’accord sur la nécessité de raccourcir le délai de la transition à un an, sur la mise en place d’un Conseil national de transition chargé de légiférer et sur les réformes – notamment constitutionnelles – à mener avant la présidentielle. Ils convergent sur un autre point : le président de la République, le président du CNDD, le Premier ministre et le président du Conseil national de transition ne pourront être candidats à aucune des futures élections. Mais ils divergent sur le calendrier électoral à adopter.
Le 4 janvier, onze partis, dont le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) d’Alpha Condé, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo et l’Union du peuple de Guinée (UPG) de Jean-Marie Doré ont envoyé au CNDD une plate-forme dans laquelle ils proposent l’organisation des élections législatives en juin 2009 et de la présidentielle en décembre 2009. Ces formations avancent un argument pour soutenir leur position : les législatives, qui avaient été fixées au 31 mai avant la prise du pouvoir par le CNDD, ont fait l’objet de préparatifs avancés. Le recensement sur les listes électorales a commencé et le financement a été mobilisé.
Emmenés par l’Union des forces républicaines (UFR) de l’ancien Premier ministre Sidya Touré, les huit partis regroupés au sein de l’Alliance nationale pour l’alternance démocratique (Anad) ont pris le contre-pied de cette première position. Dans un document qu’ils ont envoyé au CNDD, ils estiment que les élections législatives doivent intervenir au lendemain de la présidentielle de décembre 2009. « Le plus important pour restaurer l’autorité de l’État, lit-on dans ce document, est le choix du chef de l’exécutif par une élection présidentielle. Cinquante ans après son indépendance, la Guinée a besoin de profondes réformes, qui ne sont possibles que si le président de la République dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale. »
Les arguments de l’Anad, auxquels semblent sensibles Moussa Dadis Camara et son Premier ministre, Kabiné Komara, sont multiples : selon l’Alliance, « il ne sert à rien de précipiter des législatives qui ne mettront fin ni à la transition ni aux sanctions internationales », d’autant qu’« une Assemblée élue aura du mal à cohabiter avec des organes transitoires comme le CNDD ». D’ailleurs, poursuivent les membres de l’Anad, « un pays comme la Mauritanie, qui s’est doté d’une majorité parlementaire avant la présidentielle, a fini par sombrer dans le chaos ».
Une seule certitude : pour une fois qu’elle a les cartes en main, l’opposition guinéenne est en train de perdre une occasion de s’unir pour être plus forte et mieux peser sur la transition en cours. Au risque de voir la junte décider à sa place.
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