Dileita Mohamed Dileita

Premier ministre de Djibouti

Publié le 12 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : L’occupation de l’île de Ras-Doumeira par l’armée érythréenne crée une situation de guerre. Quel en est le coût pour le Trésor public ?

Dileita Mohamed Dileita : Il est énorme. L’attitude belliqueuse d’Asmara nous oblige à mobiliser les deux tiers de nos forces de sécurité, armée, police et gendarmerie confondues. Nous avons dû rappeler des militaires à la retraite pour faire face à l’agression. L’effort logistique pour assurer l’ordinaire à nos soldats, les rotations aériennes et l’explosion des besoins en carburant nous coûtent, en moyenne, 5 millions de dollars par mois. Cela équivaut au double de ce que l’État consacre annuellement à la subvention des produits de première nécessité.

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Où en êtes-vous sur le front diplomatique ?

Cette affaire montre à quel point la communauté internationale peut faire preuve de laxisme. Toutes les instances régionales, continentales ou internationales ont condamné l’occupation d’une partie de notre territoire par l’Érythrée, mais celle-ci dure depuis plus de six mois. Jusque-là, nous avons fait preuve de sagesse et de retenue. Djibouti, qui a fait le choix stratégique de la neutralité dans les différents conflits régionaux, n’est pas pour autant incapable de défendre son intégrité territoriale. Nos appels au dialogue direct avec les autorités d’Asmara n’ont pas trouvé d’écho et nous prenons à témoin l’Union africaine et les Nations unies : nous n’accepterons jamais le fait accompli.

Allez-vous revoir à la baisse vos ambitions de faire de Djibouti le Dubaï de la Corne de l’Afrique ?

En six mois, l’effort militaire nous a coûté 30 millions de dollars. C’est autant de ressources en moins pour nos opérations de développement. Fort heureusement, ni l’agression érythréenne ni la crise financière internationale n’ont eu d’impact sur notre programme d’investissement. Le terminal pétrolier de Doraleh est déjà entré en production. Celui dédié aux conteneurs devrait être inauguré à la mi-janvier. Quant à l’interconnexion électrique avec l’Éthiopie, qui devrait contribuer à alléger notre facture énergétique, les travaux sont en cours d’achèvement grâce à un financement de la coopération iranienne. La crise qui secoue les marchés financiers n’a pas eu de conséquence directe sur notre économie en raison de la prudence qui caractérise notre politique monétaire. Un seul projet a failli être menacé : celui de la production électrique par géodésie. Cette entreprise, qui doit être financée par une banque islandaise, elle-même en butte à des problèmes de liquidités, a connu une période de flottement. Mais les autorités de Reykjavik nous ont rassurés. Quant au phénomène de la piraterie au large des côtes somaliennes, il n’a eu aucun effet sur le volume de marchandises transitant par le port de Djibouti. 

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