L’après-pétrole se fait attendre

Si les énergies propres ont actuellement le vent en poupe, le « grand soir écologique » n’est pas pour tout de suite. Ni pour 2025.

Publié le 12 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Tout le monde n’est pas d’accord sur le juste prix du pétrole, mais les experts sont unanimes : nous aurons en­core besoin de cette matière vis­queuse et polluante dans les vingt-cinq ans à venir. À 50, 100 ou même 200 dollars, le baril de pétrole sera encore le roi du marché énergétique mondial, au moins jusqu’en 2025. Les technologies de demain ne seront pas opérationnelles à grande échelle avant cette échéance, estime les analystes américains du National Intelligence Council (NIC). Les énergies fossiles – pétrole, gaz, charbon – assureront donc au moins 80 % de la consommation énergétique, soit seulement 1 point de moins qu’en 2008.

Mais cette pression exercée par le changement climatique ne va pas fondamentalement modifier les modes de vie. Ce sont les normes écologiques qui vont se durcir : les usines et les moteurs à essence devront être de plus en plus propres pour émettre moins de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère. Le monde a émis 28 milliards de tonnes de CO2 en 2008, contre 18 milliards en 1980. Si des mesures plus draconiennes n’interviennent pas rapidement, les émissions pourraient atteindre 40 milliards de tonnes en 2030, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). La température au sol a augmenté de 0,6 °C depuis 1900. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), elle augmentera, d’ici à la fin du XXIe siècle, entre 1,1 °C et 6,4 °C en fonction de l’utilisation de l’énergie. Les zones côtières sont évidemment les plus menacées.

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Mais malheureusement, on ne ­change pas en quelques années les habitudes de consommation et les moyens de transport en usage depuis plus d’un siècle. Le modèle économique international repose sur une énergie peu coûteuse. Toutes les infrastructures sont bâties sur le pétrole, un produit facile à produire, à transporter et à stocker. Le gaz naturel, plus propre, a encore du mal à se frayer un chemin. Sa part dans le « mix » énergétique demeurera stable (voir infographie), en raison des difficultés liées à son transport, son stockage et à la faiblesse des infra­structures de distribution. Les énergies renouvelables (vent, soleil, biomasse, biocarburants) verront leur part augmenter très faiblement, en raison de leurs coûts encore prohibitifs. Selon le NIC, ces nouvelles technologies, en particulier les piles combustibles et les générateurs à hydrogène, ne seront accessibles au grand public qu’après 2025. La transition énergétique est pour après-demain.

D’ici là, la demande en énergie va s’accroître de 45 %, passant de 11,7 milliards de tonnes-équivalent pétrole (TEP) en 2008 à 17 milliards en 2025. La part des pays développés – qui maîtrisent mieux leur consommation – va diminuer de 49 % à 38 % au profit des pays en développement, en particulier de la Chine et de l’Inde. Selon les experts américains, les réserves disponibles de pétrole et de gaz seraient largement suffisantes pour satisfaire cette demande pendant les soixante prochaines années. Les spéculations sur le peak oil ont encore de belles années à vivre ! Quant au charbon, son usage va être relancé grâce aux progrès réalisés pour le rendre moins polluant. 

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