À quand la révolution « bleue » et « verte » africaine ?

Publié le 12 janvier 2009 Lecture : 1 minute.

Une bonne maîtrise de l’eau est un élément-clé de la sécurité alimentaire. À l’échelle du continent, ce défi est déterminant. L’Afrique subsaharienne représente 15 % de la population mondiale, mais 23 % des personnes victimes de sous-nutrition (212 millions). L’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a donc présenté, en décembre dernier, un programme de 65 milliards de dollars pour une « révolution bleue » visant à mobiliser davantage les ressources en eau douce. Alors que les quantités disponibles sont de 5 961 m3 par an et par personne en Amérique du Nord, elles sont de 200 m3 sur le continent. Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas qu’une question de sécheresse ou de climat aride. Le potentiel est bel et bien présent. Dans le golfe de Guinée et en Afrique centrale, seules 4 % des réserves sont utilisées, et l’irrigation n’est appliquée que sur 7 % des terres arables.

Il est donc urgent d’investir dans les infra­structures (barrages, aménagements hydro-agricoles…) et de promouvoir les solutions économes comme la micro-irrigation. L’enjeu est de taille : les rendements de l’agriculture irriguée sont trois fois supérieurs à ceux de l’agriculture pluviale. Et l’Afrique devra tripler sa production alimentaire d’ici à 2050 pour nourrir une population qui atteindra 2 milliards d’individus. Au cours des ­trente dernières années, la production céréalière par habitant n’a augmenté que de 0,14 %, entraînant une hausse des importations de 136 % à 56,4 millions de tonnes en 2008. Or, la crise de la vie chère l’a démontré : miser sur les importations pour nourrir les populations est une funeste erreur. Dans ces conditions, Michel Griffon, agronome du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), plaide dans son ouvrage Nourrir la planète pour une double « révolution verte », utilisant les écosystèmes (réforme agraire, mécanisation, variétés adaptées, traitements phytosanitaires…), mais dans le respect de l’environnement. « Natura non nisi parendo, vincitur [NDLR : on ne commande la nature qu’en lui obéissant] », écrivait déjà le philosophe anglais Francis Bacon au XVIe siècle.

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