L’homophobie gagne en justice

Publié le 12 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

« Des chefs religieux et certains leaders politiques, de la majorité comme de l’opposition, alimentent une homophobie inquiétante au Sénégal », dénonce Joël Nana, responsable sur le continent de la Commission internationale des gays et lesbiennes pour les droits de l’homme (IGLHRC). Le 6 janvier, neuf personnes ont en effet été condamnées par le tribunal de Dakar à huit ans de prison, pour homosexualité. Le parquet avait requis cinq ans, les délibérés n’ont duré que quelques minutes. C’est la plus lourde peine jamais infligée dans ce pays, pour ce motif. « Le juge a pratiquement criminalisé les faits », s’insurge Me Issa Diop, l’un des quatre avocats de la défense, qui a fait appel.

Parmi les condamnés figure Diadji Diouf, le président de Aids Sénégal. Les arrestations ont eu lieu le 19 décembre à son domicile de Mbao, dans la banlieue de Dakar, au cours d’une soirée privée. Et après dénonciation, selon une source proche de l’enquête.

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Depuis quelques mois, l’atmosphère devient irrespirable pour les homosexuels au Sénégal. En février 2008, la publication par un magazine people de photos d’un « mariage gay » avait déclenché une vague sans précédent d’homophobie, largement relayée par certains chefs religieux. Les deux personnes avaient été placées en garde à vue, mais n’avaient finalement pas été poursuivies. En août, un Belge et un Sénégalais accusés de « mariage homosexuel » ont été condamnés à deux ans de prison ferme avant d’être relâchés. En décembre, la tenue à Dakar de la Conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles en Afrique (Icasa) a provoqué la colère d’une organisation islamique. « Nous avons malgré tout bon espoir que les neuf condamnés soient libérés », commente Joël Nana, qui a entrepris des démarches auprès des ministères de la Santé et de la Justice.

À l’initiative de Rama Yade, la secrétaire d’État française aux Droits de l’homme, soixante-six pays – dont cinq africains (Gabon, Cap-Vert, Centrafrique, Guinée-Bissau, São Tomé e Príncipe) – ont lancé le 18 décembre à l’ONU un appel en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité. « Il s’agit d’une avancée, car nous partions de zéro. Mais la condamnation sénégalaise s’apparente à un recul », regrette Philippe Colon, délégué international de l’organisation Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT), basée à Paris.

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