Blue Note Records, 70 ans d’excellence

À l’occasion de son anniversaire, le 6 janvier, retour sur ce label de jazz unique. Une maison mythique qui s’ouvre de plus en plus aux artistes africains.

Publié le 6 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Du bleu, du bleu, toujours du bleu ! Clair, turquoise, indigo, saphir, ces différents tons emblématiques de la firme Blue Note accompagneront le soixante-dixième anniversaire de cette grande maison tout au long de 2009. Musiciens sur le pied de guerre, festivals, concerts, rééditions… rien ne sera laissé au hasard sur les cinq continents pour fêter dignement cette longévité rarissime pour un label discographique.

Lancée le 6 janvier 1939 par Alfred Lion, Berlinois fou de jazz ayant fui l’Allemagne nazie pour se réfugier aux États-Unis, Blue Note est à la musique noire américaine ce que le pétrus est au vin. Depuis ce jour qui a scellé les premiers enregistrements d’Albert Ammons et de Meade Lux Lewis sur un 30 cm jusqu’alors réservé à la musique classique, ce label a gravé tout ce qui a compté dans l’histoire du jazz. Des centaines d’albums à travers des milliers d’heures d’enregistrement sous les micros du légendaire Rudy Van Gelder, ingénieur du son qui, dès son embauche en 1953, sera l’un des artisans de la période phare de la firme, durant les années 1950 et 1960.

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Car si Blue Note a pu accompagner la carrière des plus grands (Herbie Hancock, Sonny Rollins, Art Blakey, Ornette Coleman, Wayne Shorter, Bobby ­McFerrin…), c’est précisément parce que sa « patte » dépasse la personnalité d’Alfred Lion, décédé en 1987. Elle n’aurait pu accéder à ce rang sans trois autres collaborateurs : Van Gelder, mais aussi Francis Wolff, ami d’enfance de Lion et directeur artistique jusqu’à sa mort, en 1971, et surtout Reid Miles, exceptionnel créateur des pochettes, lesquelles alimenteront largement ce succès, tout comme celles dessinées par un certain Andy Warhol.

Du jazz donc mais aussi des rythmes africains tant les deux sont de sang-mêlé. Les références affleurent tout au long de cette œuvre magistrale. Chez Art Blakey avec The African Beat (1962). Chez Duke Ellington avec le sublime « Fleurette africaine » (1962) ou chez Horace Silver (Cape Verdean Blues, 1965). L’Afrique encore avec Nigeria (1962), de Grant Green ou Extensions (1969), du pianiste McCoy Tyner. Phénomène nouveau, les artistes africains commencent eux aussi à signer, à l’image de Salif Keïta (Papa, 1999), de l’Ivoirien Paco Sery (Voyages, 2000) ou du Béninois Lionel Loueke (Karibu, 2008).

Menacée de disparaître, la compagnie a rebondi après son rachat par Emi. Propriétaire depuis 1985, la major effectue un remarquable travail de réédition tout en lançant de nouveaux talents (Norah Jones, Cassandra Wilson, Erik Truffaz…) sous le regard attentif de Van Gelder. Seul rescapé du carré d’or historique, ce dernier continue d’enregistrer dans son studio mythique d’Englewood Cliffs, dans le New Jersey, et d’inspirer les rappeurs comme les tenants du hip-hop ou de l’électro. De Guru à Us3 en passant par Massive Attack ou MC Solaar. Un renouvellement salutaire qui permettra, à n’en pas douter, de prendre rendez-vous pour le centenaire du label, en 2039. 

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