Made in Cameroon

Publié le 6 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Face à la crise
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Face à la crise

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Ce n’est pas un petit peuple que celui-ci. Contrairement à la plupart de leurs voisins, que la succession de crises économiques et sociales de ces deux dernières décennies a plongés dans le fatalisme et la résignation, les Camerounais ont toujours entretenu une culture de l’entrepreneuriat et de la réussite individuelle, ancrée dans un nationalisme patrimonial à fleur de peau. Même si elle ne fut pas assumée comme elle aurait dû l’être, la lutte pour l’indépendance a contribué à forger cette identité affirmée et cette fierté d’être camerounais. Mais il y a aussi le génie propre et l’ingéniosité d’acteurs économiques qui, du microcommerce à la banque et des services de proximité à l’agroalimentaire, croient, contre vents et marées, aux vertus du made in Cameroon. Même s’il faut pour cela agir et gagner sur les marges d’un État à la fois omniprésent et omniparalysant.

On dira, certes, que dans cette mosaïque de communautés qu’est le Cameroun, ce sont les plus structurées socialement qui se posent et s’affirment comme les plus dynamiques économiquement. Au cœur d’une société civile bouillonnante de citadins impatients, les compressés de la crise, les recalés de l’école et les perdants de la migration ne jouent pas à armes égales avec les « feymen » qui prospèrent sur le terreau de la corruption et de l’incivisme fiscal. L’ethnicité, la région, pèsent également d’un poids exclusif. Mais en dépit de toutes ces pesanteurs, la capacité créatrice des Camerounais demeure exemplaire, tout comme est partagé ici le rêve d’un pays dont tout citoyen se sent le propriétaire légitime, au même titre que le chef de l’État.

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De cet acharnement à réussir, y compris en empruntant des chemins de traverse, les compatriotes de Paul Biya auront le plus grand besoin pour affronter la nouvelle tempête qui s’annonce. La récession économique mondiale est en passe de se transformer en grande dépression avec, pour le Cameroun, un fort risque de baisse des exportations, de crise de change et de fuite des capitaux. D’ores et déjà, les carnets de commande de l’industrie du bois, deuxième produit d’exportation après le pétrole, sont quasi vides pour 2009.

Aux yeux des Camerounais, qui en ont pourtant vu d’autres, notamment lors de la dévaluation du franc CFA, il y a là de quoi relativiser tous les enjeux politiques – y compris celui de la prochaine élection présidentielle, en 2011.

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