Le roi… de la gauche

Abdelouahed Radi reste finalement au gouvernement après avoir promis d’en démissionner s’il était élu à la tête de l’Union socialiste des forces populaires (USFP). Ainsi en a décidé Mohammed VI.

Publié le 6 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Partira, partira pas ? Depuis le 8e congrès de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), qui s’est tenu du 7 au 9 novembre, à Skhirat, on s’interrogeait sur le retrait d’Abdelouahed Radi, son nouveau premier secrétaire, du ministère de la Justice. Radi avait annoncé qu’il devait se « consacrer totalement » au parti et qu’il démissionnerait du gouvernement s’il était élu. C’est même à cette condition qu’il avait été choisi, devançant de 25 voix son principal rival, Fathallah Oualalou. Seulement voilà, on est au Maroc, et ici c’est le roi qui décide du départ d’un ministre. Il a tranché le 23 décembre. En recevant le leader socialiste, il a tenu des paroles aimables à l’endroit des militants de l’USFP, mais Radi continuera néanmoins à « assumer ses fonctions pour s’acquitter de la réforme profonde de la justice ».

La décision royale a surpris. Le départ de Radi devait être suivi de celui de Mohamed Elyazghi, dont la présence à la tête d’un ministère fictif est très impopulaire au sein du parti et lui avait valu son éviction de la direction. Au cours de leur congrès, les socialistes avaient assorti leur maintien au gouvernement de réformes politiques et constitutionnelles. Il était même question de « monarchie parlementaire », qui n’est pas exactement le système mis en place par Hassan II et dont a hérité Mohammed VI. En outre, les socialistes estimaient que leur représentation (5 ministères) était inéquitable puisqu’un autre parti de poids équivalent – le RNI – en disposait de 7. Ils se proposaient de dépoussiérer la Koutla, l’alliance qui les lie à l’Istiqlal et au Parti du progrès et du socialisme (PPS). Les « usfpéistes » sont tentés par le retour à l’opposition, quitte à se trouver dans le même camp que les islamistes. Fantasme passéiste ? Rodomontades de matamore du genre « arrête-moi où je fais un malheur » ? Grandes (et petites) manœuvres en vue des municipales de juin 2009 ? On parle en tout cas d’un remaniement ministériel, sinon d’un changement de gouvernement.

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C’est à cette atmosphère délétère que le maintien du leader socialiste au gouvernement a mis fin. Mais pour combien de temps ? Les amis de Radi ont obtempéré. Ils se félicitent que leur parti conduise une réforme aussi essentielle que celle de la justice. Ils tiennent néanmoins à proclamer que les « réformes sectorielles, malgré leur importance extrême, n’auront toute leur portée que si elles sont liées à une réforme politique et constitutionnelle ». Ils envisagent un réaménagement de leur direction, en désignant un premier secrétaire adjoint qui devrait être Fathallah Oualalou. Alors que c’est le cumul des responsabilités ministérielle et partisane qui posait problème, curieusement, nul ne parle du retrait de Radi du leadership de l’USFP. Qu’en déduire ? En dépit de tous les progrès accomplis sur le chemin de la démocratie, il incombe de fait au roi de désigner, en dernier ressort, le chef de la gauche. On est loin de la monarchie parlementaire et plutôt dans ce que Mohamed Tozy appelle une « monarchie constitutionnelle de droit ­divin ».

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