Damas, loin des idées reçues

Ce qui frappe dans la capitale syrienne, outre les merveilles architecturales et les manières policées de ses habitants, c’est l’extraordinaire mosaïque de communautés religieuses et ethniques. Et leur bonne intelligence.

Publié le 6 janvier 2009 Lecture : 13 minutes.

La légende dit que 40 saints veillent sur Damas et que l’étranger ne s’y sent jamais seul. Je ne suis pas loin de le croire. Arrivée sur le sol syrien, je franchis les douanes sans encombre, exhibant avec fierté mon passeport tunisien. C’est qu’ici, les ressortissants des États de la Ligue arabe entrent sans visa. Le pays ne s’appelle pas la République arabe syrienne pour rien… Ma première impression se confirme quelques heures plus tard quand je découvre une ville qui me paraît d’emblée familière, embaumée des senteurs de l’Orient et de ses saveurs, où les étals renseignent sur la bonne chère et l’appétit de vivre.

Tôt le matin, je hèle un taxi, direction la mosquée des Omeyyades. Il fait 25 degrés en cette fin octobre à Damas, où l’on compte 3 333 heures de soleil par an, affirme le chauffeur. Nous roulons dans une cité enserrée entre les collines. Quartiers chic et faubourgs populaires, très peu de gratte-ciel, mosquées et églises qui se jouxtent. Partout, des portraits de Hafez al-Assad et de son fils Bachar, ensemble ou séparés. Conduire est ici une véritable épreuve ; les queues de poisson sont un sport national (est-ce une des raisons pour lesquelles on voit peu de femmes au volant ?). Mais il n’y a ni incivilités ni bagarres, contrairement au Maghreb, où, en de telles circonstances, insultes et obscénités pleuvent.

la suite après cette publicité

J’ai rendez-vous sur le parvis de la mosquée. J’attends, affublée d’une abaya grise, tenue obligatoire pour pénétrer dans le lieu saint. Hassan Dhahabi vient à ma rencontre. Il a les yeux bleus, comme ceux du chauffeur et du réceptionniste de l’hôtel. Le type européen est courant sous les cieux du Cham. Grecs, Ottomans, Araméens, Perses ou Arabes, les ancêtres des Syriens sont d’origines diverses. L’homme me demande de patienter un peu dans sa boutique de souvenirs et disparaît. Je reste seule. Des clients entrent et sortent. De retour, le commerçant me dit qu’il ne craint rien. La sécurité est totale. On peut se promener dans les rues à 2 heures du matin, oublier de fermer les portières de sa voiture ou sortir avec un gros diamant au doigt… Il était parti me préparer un thé, qu’il me sert avec autant d’égards que si j’étais la reine Zénobie ! Les pieds entravés et la tête couverte, je m’efforce de le suivre dans la mosquée. Un honneur, car ce notable levantin est le guide attitré des grands de ce monde, le pape Jean-Paul II ou François Mitterrand, entre autres. « Ah, non ! Pas Jacques Chirac ! », s’offusque-t-il. Et de relater l’histoire de ce joyau de l’époque omeyyade, célèbre par son architecture, qui inspirera toutes les autres mosquées du monde musulman, et par son caractère symbolique : il fut un temps où chrétiens et musulmans y priaient ensemble, et l’un de ses trois minarets s’appelle encore… le « minaret de Jésus ». Dhahabi me confie à un autre accompagnateur, Ihsan Chichakly. Cet octogénaire à l’allure soignée et à la politesse extrême résume à lui seul la particularité d’une aristocratie contrainte de s’adapter à la modernité. Ihsan n’est autre que le fils d’un ancien président de la République. Son érudition époustouflante achève de me faire succomber au charme de Damas, « la plus ancienne cité au monde encore habitée ! ». Alors que nous franchissons la porte de l’ancien temple romain pour entrer dans la médina, il m’explique comment la civilisation est née ici : « Oui, mon cœur (c’est ainsi qu’on vous hèle en Orient) ! Dans cette région qui sépare l’Asie et l’Afrique vécut le premier couple de l’humanité (lorsqu’il s’exprime en français, Ihsan n’emploie que le passé simple). Ici, Ève enfanta Caïn, lequel tua son frère Abel, et ce fut la première tombe creusée sur terre. Sur la colline de Joudi reposa l’arche de Noé. Abraham séjourna à Maaloula, à 80 km d’ici. On y parle encore la langue du Christ. Et c’est dans les alentours que saint Paul fit le chemin de Damas »…

La médina grouille de superbes monuments de facture islamique : medersas, majestueux caravansérails, belles demeures, telles que le palais Azm, avec son ancien harem, où se prélassent des touristes italiennes en short… Reposent dans la ville de nombreux compagnons du Prophète, comme son premier muezzin, l’esclave affranchi Bilal, ou encore de grandes figures de l’islam, telles que Saladin, Ibn Taymiyya, Ibn al-Arabi, l’émir Abd el-Kader. Édifiée ? Je le suis. Damas est la Rome du monde musulman et un musée à ciel ouvert.

En français dans le texte

Mais foin du passé ! Qu’en est-il de la Syrie moderne, celle que George W. Bush inclut dans « l’axe du mal » ? Serait-elle boycottée par les grandes puissances et désertée par les touristes ? Je demande à voir et me rends à la conférence de presse donnant le coup d’envoi des « Routes de la soie », une manifestation relayant « Damas capitale culturelle du monde arabe », l’événement phare de 2008. Les journalistes venus de France sont courtisés. Les ministres ne rechignent pas à répondre en français. Cette langue reste celle de l’ancienne génération. La visite de Nicolas Sarkozy en « ranima » le souvenir, pour parler comme Chichakly ; thèse confirmée par Pierre Lory, chercheur à l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo) : « En Syrie, il y a l’image négative de la France mandataire, mais elle est presque oubliée et c’est tant mieux. Il y a l’image positive de la France gaulliste, mais elle vient d’être ternie par la position de Chirac [sic] après l’assassinat de Hariri. Enfin, il y a eu la visite de Sarkozy, qui fut perçue comme une embellie dans les relations franco-syriennes. »

la suite après cette publicité

Place donc au ministre de l’Information, Mohamed Salmane. S’il existe une volonté locale manifeste en faveur d’une dynamique culturelle, les « Routes de la soie » sont conçues comme une opération de communication politique. Salmane insiste sur les efforts déployés par la Syrie pour « la paix et le dialogue des religions », et rejette les soupçons de terrorisme. « En 2001, nous disions que la guerre n’était pas une solution. L’actualité nous donne raison. Les choix américains ne nous ont valu que des catastrophes politiques, humaines et aujourd’hui financières. Les mêmes puissances nous sollicitent aujourd’hui pour jouer les intermédiaires. Preuve qu’elles ont compris leur erreur. Il n’y a qu’à voir les avions qui arrivent de partout, pleins à craquer ! Il se peut que vous ne croyiez que 20 % de ce que je dis et concluiez à de la propagande. Je vous demande alors d’ouvrir les yeux, de regarder autour de vous, tout simplement. »

J’ouvre les yeux. Et je finis par comprendre que la toile de fond de ce pays, son grand personnage, à la fois discret et omniprésent, c’est la politique ; une politique empreinte de nationalisme arabe, d’un profond sentiment d’injustice face à Israël et de l’amertume de voir la grande civilisation de la Syrie ignorée. N’empêche. Il me faut une confirmation, des chiffres… C’est le ministre du Tourisme lui-même, Saadallah Agha al-Qala’a, qui me les donne : « Le nombre de touristes augmente de 15 % annuellement. Conséquence, on double tous les cinq ans l’infrastructure hôtelière. Cette activité représente 14 % de l’économie, emploie 13 % de la population active et génère 30 % des rentrées de devises. »

la suite après cette publicité

Nez à nez avec Mahmoud Abbas

De retour à l’hôtel, ce que je vois confirme la thèse d’un pays sollicité pour ses bons offices : une fois passé le portail de sécurité, je tombe sur le président palestinien, Mahmoud Abbas, entouré de sa garde rapprochée. Le neuvième étage grouille de dames. Renseignement pris, c’est une rencontre autour de Kawthar, l’organisme officiel de recherches sur les femmes arabes…

Damas accueille quotidiennement des hôtes politiques, me confirme un Damascène. Et de quoi traitent ces rencontres et autres pourparlers ? Du Liban, de la Palestine, de l’Irak, de l’Iran… « Le Liban, c’est le ventre de la Syrie : quand il a mal, nous avons mal, analyse l’historien Fayçal Abdallah. Certes, la vieille garde qui portait le rêve de la Grande Syrie est en train de disparaître, et les jeunes sont persuadés qu’il faut désormais s’accorder avec le monde, y compris en cédant sur le Liban. » Mais c’est un déchirement. Car il n’y a pas une famille syrienne qui n’ait un parent au pays du Cèdre, pas un Chami qui n’ait un ancêtre enterré là-bas. Beyrouth est à deux pas, et il est plus aisé d’y piquer un plongeon qu’en Syrie, où la plage la plus proche est à 300 km. Mais les choses ont changé, et les Syriens craignent désormais de se rendre dans la capitale libanaise. « Le contribuable syrien se prive d’électricité deux heures par jour pour alimenter Beyrouth, me dit un étudiant chrétien. Mais que voulez-vous ! Les Libanais regardent leurs intérêts d’abord, et comme l’argent vient d’Arabie saoudite, il n’est pas difficile de deviner vers qui ils penchent. » L’aversion pour les Saoudiens est manifeste. « Damas a fondé l’islam et fait vivre les Saoudiens bien avant le pétrole. Maintenant, ils se retournent contre nous, déplore le même étudiant. Les Américains savent très bien où se trouve “l’axe du mal”. Mais ils ne le diront pas. L’archaïsme wahhabite convient à leurs stratégies politique et économique. »

Et les Palestiniens ? Force est de reconnaître qu’aucun autre pays arabe n’affiche la même solidarité avec ces « frères », dont les Syriens partagent l’épreuve de l’occupation israélienne, au Golan en l’occurrence. « Jamais la Syrie n’a installé de camps pour les Palestiniens, il faut le savoir. Ils sont ici chez eux, ils peuvent travailler et occuper des postes élevés, il arrive même qu’ils soient mieux payés que nous », me confie la directrice d’un musée. Et la conviction reste forte qu’Israël ne peut que rendre les terres arabes : « Le rêve israélien est mort, avait martelé la veille le ministre de l’Information. Olmert lui-même l’a dit. »

Quant au dossier nucléaire iranien, le même ministre avait répondu : « La Syrie a demandé que tout le Moyen-Orient soit débarrassé du nucléaire militaire. Pourquoi seul Israël y aurait droit ? Par contre, n’importe quel pays est fondé à développer un programme nucléaire civil, y compris l’Iran. »

300 000 Maghrébins

Outre la spécificité de sa position sur l’échiquier politique, la Syrie se distingue par la diversité ethnique et religieuse de sa population. Si le pays compte une grande majorité de sunnites et quelque 19 % de chiites (dont 10 % d’Alaouites, au pouvoir), un dixième de sa population est chrétienne. Ces derniers se considèrent comme des Arabes. « Au Proche-Orient, quand on dit arabe, cela veut dire musulman, chrétien et, jusqu’en 1948, juif », m’explique un commerçant de la médina. La tradition veut que les musulmans fabriquent les tissus, les juifs le cuir, les chrétiens la marqueterie.

Les Maghrébins ne sont pas en reste. On les évalue à quelque 300 000, en majorité d’origine algérienne et dont les ancêtres sont venus avec l’émir Abd el-Kader (mort à Damas en 1883). Il existe un « Hay al-Maghariba », des rues qui portent le nom de leaders maghrébins ou cette place des 7-Fontaines rebaptisée place du Détachement-Maghrébin, clin d’œil à la participation des pays du Maghreb à la guerre de 1973. La probabilité est grande de rencontrer des Arezki ou des Ameziane qui parlent kabyle mieux qu’en Algérie et qui ont conservé les meilleures recettes de couscous.

La Syrie ayant toujours été une terre d’accueil, il faut ajouter à la population de souche les réfugiés : 500 000 Palestiniens, 350 000 Libanais du Sud et 1,6 million d’Irakiens. Sans oublier les Kurdes, dont le nombre est estimé à 1,5 million, concentrés dans le Nord, mais qui, contrairement aux autres réfugiés, n’ont pas toujours la carte d’identité nationale. « On veut faire d’eux des Arabes à tout prix, dit ce patron d’un restaurant, ce n’est pas possible ! » Conséquence immédiate : si la vie reste bon marché – la Syrie est autosuffisante en blé, viande, fruits et légumes –, l’immobilier a flambé. « Pour 200 m2, il faut compter 1 million de dollars depuis que les Irakiens sont arrivés », me dit un jeune gardien de musée qui gagne le Smic local, soit l’équivalent de 150 euros. Toutefois, ce qui frappe dans cette mosaïque religieuse et ethnique, c’est la cohabitation réelle entre musulmans et chrétiens. Ici, toutes les branches du christianisme sont représentées : chaldéens, nestoriens, grecs orthodoxes, catholiques et protestants. Les chrétiens ont leurs lieux de culte, leurs quartiers, leurs commerces. Pendant le ramadan, ils ne sont pas obligés de fermer leurs restaurants. Le vendredi, le musulman a coutume de faire ses courses chez le chrétien, et réciproquement le dimanche. Les cloches et les minarets chantent de concert. Comme le service public chôme le vendredi, la plupart des chrétiens travaillent le dimanche, mais il leur est possible d’arriver plus tard au bureau pour pouvoir assister à la messe dominicale. Les leaders des deux communautés se déplacent ensemble à l’étranger, voire se relaient, et il arrive souvent que le mufti de Damas ou d’Alep représente les patriarches de ces deux villes lors d’une conférence internationale, ou réciproquement. Les Syriens refusent de parler de tolérance ou de coexistence, arguant que c’est un « fait normal, puisque nous sommes Syriens d’abord ». Et, en tant que Syriens, les chrétiens réagissent de la même manière aux faits nationaux. « Ils se sentent lésés d’avoir perdu le Golan et souffrent parfois d’être assimilés à l’Occident », assure Fayçal Abdallah.

Si l’on ne peut affirmer que ce pays est à 100 % laïc, il l’est dans les faits en garantissant la liberté religieuse ; et si les communautés ne se mélangent pas vraiment, l’on n’est pas dans le communautarisme. « Il y a un durcissement communautaire musulman, explique Pierre Lory, mais il n’y a pas un sentiment antichrétien. Jamais les droits des chrétiens n’ont été mis en cause, comme en Égypte avec les coptes. Aucun sentiment de persécution ou de pression. Si les jeunes chrétiens sont plus nombreux à être candidats au départ, c’est pour des raisons économiques. » De fait, les Syriens ont à l’esprit la guerre du Liban et les derniers événements de Mossoul, en Irak, où des chrétiens ont été chassés de chez eux. Leur bouclier ? Le régime, seul garant, à leurs yeux, du respect mutuel entre les religions. Aussi Bachar al-Assad n’est-il certainement pas perçu comme ce « dictateur » décrié par la presse occidentale. Et lorsque, téméraire, je pose la question : « Oui, mais où est l’ouverture politique ? », un diplomate français me répond : « Elle se fait à dose homéopathique. Pas de bouleversement immédiat, donc pas de blocage. Ce président a fait en sorte qu’il y ait la paix entre les religions et pas d’application de la charia dans le droit commun. C’est déjà beaucoup dans le contexte régional. » Pourquoi la Syrie a-t-elle mauvaise presse, alors ? C’est un journaliste syrien qui me répond cette fois : « Nous n’avons pas la puissance médiatique de nos voisins, nous parlons trop de la Palestine, ça crée des tensions ! »

Avec ou sans voile

Selon un diplomate européen vivant à Damas, le vrai problème n’est pas la coexistence islamo-chrétienne mais la tension entre chiites et sunnites, et le fait « que le pouvoir soit aux mains des 10 % d’Alaouites. Ce qui ne plaît pas à tout le monde ». Deuxième problème, sur lequel les Syriens sont plus diserts : la montée de l’intégrisme. La société s’islamise à grande vitesse. « J’étais boursier en 1973, il y avait beaucoup moins de voiles, et le ramadan n’était pas aussi massivement suivi », affirme un ex-étudiant. Le voile se serait imposé après l’invasion de l’Irak, alors qu’en 2003 seulement 20 % des jeunes filles se couvraient. Retour du religieux ? La commissaire de « Damas capitale culturelle », Hanane Qassab, une laïque convaincue, répond : « Depuis que les idéologies se sont effondrées, l’islam est devenu un refuge. Heureusement que ce retour au religieux n’est que sociétal et non pas politique. » Fayçal Abdallah, lui, attribue ce phénomène à l’esprit et aux manières rapportés par les ouvriers syriens travaillant en Arabie, un phénomène contre lequel le régime n’a pas les « moyens culturels » de résister. Mais, là encore, si le pouvoir n’échappe pas à la critique, il apparaît comme une digue contre les débordements islamistes.

La Syrie demeure un pays où la spiritualité s’affiche mais n’agresse pas. À preuve, le comportement des femmes. Il suffit d’aller dîner dans l’un des restaurants appréciés des Chamiat, qui y viennent coiffées et maquillées sans risque d’être importunées. Elles sont à quatre ou à douze, voilées et non voilées, seules ou accompagnées. Aucune tension dans l’air ni de surenchère entre laïques et religieuses, palpables au Maghreb. Toutes sortes de hidjabs s’affichent, du niqab, qui oblige certaines à manger sous le tissu, à l’ensemble jeans, foulard et rouge à lèvres assorti. Pendant que je les regarde, M. Ihsan me glisse à l’oreille : « Voyez comme nos femmes sont belles ! Et éduquées en plus ! “Celui qui n’a pas épousé une femme de Syrie ne connaît que des insomnies”, dit le proverbe. » Je m’absorbe dans mon menu, de délicieux mezze, du friké et mouzé (blé vert et souris d’agneau) – le meilleur plat de résistance chez Abou Kamel –, arrosés du fameux lamoun à la menthe. « Prenez du jarjir, me presse mon voisin. Faites comme elles. » Je détaille la plante verte – entre le cresson et la roquette – réputée aphrodisiaque, que les filles de Damas tendent à leurs compagnons. « Demandez-leur ! Elles vous répondront que lorsqu’une épouse a du jarjir, elle s’empresse de le cacher sous son lit. » Façon de dire : afin de le garder exclusivement pour son mari. Il est temps que je rejoigne le mien, suis-je sur le point de répliquer. Et au plus vite. Je ne sais si les quarante saints de Damas ont joué de leur sortilège, mais l’étrangère que je suis est tentée de ne plus quitter Damas.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires