Hamid Bessalah, l’exception qui confirme la règle ?

La question de la diversité ne se pose pas qu’en Occident. L’un des trente-six membres du gouvernement est issu de la communauté noire. Portrait.

Publié le 6 janvier 2009 Lecture : 3 minutes.

Lorsque Hamid Bessalah a été nommé, en juin 2008, ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, la population de Ouargla est sortie dans la rue pour crier sa joie. Pourquoi une telle effusion d’allégresse – si rare en Algérie lorsqu’il s’agit de l’entrée d’une personnalité dans un gouvernement ? Bien sûr, Bessalah est originaire de cette riche région pétrolifère du Sud algérien, secouée, en novembre 2007, par des manifestations de jeunes qui se sentent délaissés et exclus du marché du travail. Mais les Klaxon et les youyous dans les artères de Ouargla tenaient davantage au fait que Hamid Bessalah est noir.

C’est que le gouvernement, pourtant fort de trente-six membres, ne compte qu’un seul représentant de la communauté noire. Les Algériens seraient-ils racistes ? À l’heure où l’élection de Barack Obama à la tête des États-Unis suscite une vague d’espoir et d’optimisme parmi les Noirs du monde entier, faisant ressurgir un peu partout le débat autour de la diversité, la question mérite d’être posée. Et d’autant plus que, depuis l’indépendance, en juillet 1962, les Noirs ayant occupé de hautes responsabilités au sein de l’État se comptent sur les doigts de la main. Hormis le patron de la centrale syndicale UGTA (Union générale des travailleurs algériens) dans les années 1970 et un général, les annales de la politique algérienne offrent peu d’exemples d’hommes ou de femmes issus de la communauté noire ayant occupé un poste majeur au plan national.

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Le fait est que les Noirs sont parfois affublés par la population de nombreux sobriquets, tels que « Babay », « Bamboula », « Nigrou », « Nouagra », « Kahlouch », « Akli », voire « Sanigal », en référence aux tirailleurs sénégalais qui ont servi dans l’armée française durant la guerre d’Algérie. Alors, racistes, les Algériens ? « Ils ne le sont pas, tranche un ami du ministre. Bien sûr, ils nourrissent des préjugés à l’égard de leurs compatriotes de race noire, mais cette attitude relève davantage du sarcasme que du racisme. La nomination de Bessalah n’obéit à aucun calcul politique. Il a été choisi non pas en raison de la couleur de sa peau mais pour ses compétences. »

Pas d’effet « Obama »

Né à Alger, marié et père de cinq enfants, Hamid Bessalah, 57 ans, est un homme bardé de diplômes. Ingénieur d’État de l’Institut polytechnique de Kiev, docteur en systèmes informatiques et traitement du signal de l’Institut de cybernétique auprès de l’Académie des sciences d’Ukraine, chercheur et maître de recherche dans le domaine des nouvelles technologies, auteur de plusieurs ouvrages scientifiques, il a par ailleurs occupé plusieurs fonctions dans la haute administration ainsi qu’au sein d’importants centres de recherche en Algérie. Comment sa nomination a-tâÂÂelle été accueillie par l’opinion ? À vrai dire, elle fut un non-événement. « Le phénomène Obama n’a pas eu d’impact en Algérie », note un journaliste d’un quotidien algérois.

Au ministère des Télécoms, on n’évoque pas la couleur de peau du ministre, on loue plutôt ses qualités. C’est que, contrairement à ses prédécesseurs, c’est un homme du métier. Arrivé aux aurores au bureau pour n’en partir que tard le soir, Hamid Bessalah est un bûcheur, tant et si bien que ses gardes du corps se plaindraient de ses horaires harassants. Exigeant avec ses collaborateurs, modeste – il déteste le protocole et fuit les mondanités –, il a tôt fait de bousculer les habitudes au sein de son département. « Il ne signe pas un rapport sans l’avoir lu de bout en bout, témoigne un de ses collaborateurs. Il tient un registre dans lequel il note tout et n’hésite pas à tancer ses conseillers lorsqu’il juge que le travail est mal fait ou bâclé. » Un de ses conseillers affirme qu’il lui arrive d’entendre, ici et là, quelques réflexions déplacées sur les origines du ministre, mais il assure que ce sont des cas très rares…

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