Le capitaine a quitté le navire
Inefficace, critiqué par tous, le président a démissionné, abandonnant un pays à la dérive.
Au début de janvier 2009, les soldats éthiopiens devraient avoir quitté le territoire somalien. Le président, Abdallah Youssouf Ahmed, lui, a déjà abandonné le navire – ou ce qu’il en reste. Élu par le Parlement fédéral de transition, en octobre 2004, il a démissionné le 29 décembre dernier, déclarant : « J’avais promis de rendre le pouvoir si je ne pouvais pas ramener la paix, la stabilité ainsi que la démocratie en Somalie. » De paix, de stabilité et de démocratie il n’est évidemment point question dans ce pays où, depuis la chute de Siad Barre, en 1991, règne l’anarchie la plus complète. Le bilan de Youssouf est si mauvais que le représentant des Nations unies pour la Somalie, Ahmedou Ould Abdallah, s’est ouvertement réjoui de son départ, qui peut permettre d’« écrire une nouvelle page de l’histoire somalienne ». Certes, l’homme fort du Puntland a hérité d’un pays en miettes. Certes, à l’époque de son élection, le gouvernement somalien n’avait même pas la possibilité de s’installer… en Somalie. Certes, cet homme de 74 ans à la santé fragile – il a subi une greffe du foie – a échappé à un violent attentat-suicide à la voiture piégée en septembre 2006. Mais, ces derniers temps, il était devenu un obstacle supplémentaire à toute tentative de réconciliation. Alors que le gouvernement de transition ne contrôle guère, avec l’appui de l’Éthiopie, que le centre de Mogadiscio et Baidoa, et que la majeure partie du sud et du centre du pays vit sous la botte de divers groupes islamistes, Youssouf n’entendait pas négocier avec la mouvance islamiste modérée. Il y a à peine deux semaines, il avait ainsi limogé le Premier ministre, Nour Hassan Hussein, qui militait pour une stratégie d’ouverture permettant d’isoler les extrémistes d’Al-Chabaab. Ce geste autoritaire, jugé illégal par le Parlement et condamné par la communauté internationale, lui a été fatal. Pour l’heure, l’intérim est assuré par Aden Mohamed Nour Madobe, le président du Parlement. Les parlementaires ont trente jours pour élire le remplaçant de Youssouf. Le navire somalien, quant à lui, continue de sombrer.
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