Décès du meilleur avocat des victimes de guerre

Le champion de la lutte pour les droits de l’homme, Me Goungaye, est mort dans un accident de voiture. Il se battait pour que, au nom de la paix, la justice ne soit pas oubliée.

Publié le 5 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Le Dialogue inclusif venait de s’achever à Bangui quand un camion, dans une pente, a causé la mort le 27 décembre d’un des plus virulents acteurs de la société civile de Centrafrique. Me Nganatouwa Goungaye Wanfiyo, président de la Ligue centrafricaine des droits de l’homme, revenait encore une fois de la brousse aux environs de Bangui en voiture avec dans ses mallettes de nouveaux témoignages sur les exactions commises sur les populations civiles. Deux autres personnes ont été tuées dans l’accident et une quatrième a été blessée.

Hasard ou pas, le décès de cet infatigable avocat, plusieurs fois menacé de mort, soulage tous ceux qui, en Centrafrique, pourraient craindre d’être un jour inquiétés par la justice internationale. Me Goungaye a en effet assisté la commission d’enquête de la Cour pénale internationale, enquête qui a abouti à l’arrestation en mai dernier du Congolais Jean-Pierre Bemba. Il avait clairement fait savoir qu’il traquerait ainsi tous les responsables de crimes de guerre.

la suite après cette publicité

Participant au Dialogue inclusif, l’avocat avait insisté pour que les victimes ne soient pas les grands oubliés de la réconciliation. « Nous avons prévu une amnistie, mais celle-ci exclut très clairement les crimes relevant de la CPI. Nous essayons de parvenir à un équilibre entre paix et justice », a expliqué à Jeune Afrique François Fall, ancien Premier ministre guinéen et représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Centrafrique.

Ce dernier s’est dit plutôt satisfait des résultats du dialogue politique qui doit aboutir prochainement à un gouvernement d’ouverture et non, précise-t-il, à un gouvernement de consensus. Le choix du Premier ministre, objet de polémiques, devrait donc, selon lui, revenir au chef de l’État.

Reste que, même si tous les protagonistes ont joué le jeu, l’essentiel est à faire, s’entendre sur la composition du gouvernement et sur les modalités du désarmement, du cantonnement et de la réinsertion des combattants. Sans oublier, à travers la commission Vérité et Réconciliation, de prendre en compte les victimes, désormais privées de leur principal porte-voix. En quinze ans, rappelle la Ligue internationale des droits de l’homme, il y a eu trois dialogues politiques en Centrafrique, avec peu ou prou les mêmes protagonistes, qui ont toujours eu lieu « au mépris des victimes ».

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires