Une vie de combats

Publié le 5 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

Il y a quelques mois, l’élégante et frêle Helen Suzman avait renoncé à son petit plaisir du soir, un verre de scotch qu’elle prenait en diverse compagnie, discutant du seul sujet qui l’ait vraiment préoccupée toute sa vie : la politique. Affaiblie, elle savait qu’elle allait bientôt mourir et, selon une de ses proches, le souhaitait. Helen Suzman ne voulait être un fardeau pour personne. Elle est décédée chez elle, le 1er janvier au matin, à 91 ans.

Vive et cultivée, elle a, dès son plus jeune âge, mis son intelligence au service de l’égalité entre les races. Elle a obtenu son premier mandat de députée en 1953 et, pendant près de trente ans, s’est battue, sous différentes étiquettes, contre l’apartheid. Si l’idéologue de ce système, le Premier ministre Henrik Verwoerd (1958-1966) respectait sa vivacité d’esprit, Pieter Botha (1978-1989) la détestait. Il la traitait de « petit chat vicieux », elle le qualifiait d’« insupportable voyou ». Ses talents oratoires, son sens de la repartie et sa grande connaissance du fonctionnement législatif lui ont donné une influence incontestable.

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Considérée comme une traîtresse par la bourgeoisie blanche, elle n’a pas non plus été toujours très bien accueillie dans la communauté noire. Elle s’est ainsi vu refuser l’accès aux funérailles de Steve Biko, en 1977, avant d’être finalement autorisée à y assister. Elle a aussi été critiquée pour son hostilité aux sanctions, estimant que la reconstruction après la chute de l’apartheid n’en serait que plus difficile.

Seule parlementaire à rendre visite à Nelson Mandela à Robben Island, elle est restée une amie proche de l’ancien chef de l’État. Elle n’a pas pour autant cessé son combat politique, critiquant avec virulence Thabo Mbeki, notamment sa politique à l’égard du Zimbabwe, et affichant ses réserves à l’égard de Jacob Zuma. Elle regrettait aussi le peu de considération de la majorité au pouvoir pour le rôle joué par les « libéraux » blancs dans la lutte contre l’apartheid. Deux fois nommée pour un Nobel de la paix, elle était très fière de son dernier titre, celui d’« ennemi de l’État », que lui avait attribué, en 2001, Robert Mugabe.

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