Un palmarès africain

Publié le 30 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Les données chiffrées – et fiables – sur les entreprises africaines sont une denrée rare et recherchée. Fort de cette constatation, le Groupe Jeune Afrique décidait, il y a dix ans, de s’atteler à la tâche. Une tâche longue et difficile : compiler et recouper toutes les informations disponibles sur les principales sociétés du continent dans le but d’établir un classement des 500 premières d’entre elles. Les débuts ont été modestes puisque la première édition de ce hors-série, publiée en 1999, a vu le jour après une enquête portant sur un petit millier d’entreprises à peine. Dix ans plus tard, le chemin parcouru est considérable. Pour aboutir au Top 500, plus de 5 000 entreprises ont été passées au crible. Le résultat n’est pas seulement une photographie du capitalisme africain en 2009, à l’heure où menace une crise mondiale : c’est aussi une mise en perspective qui revient sur les grandes évolutions des dernières années et permet de se projeter dans l’avenir.

Outre l’habituel classement dominé par deux sociétés pétrolières (Sonatrach [Algérie] et Sonangol [Angola]) et une foule d’entreprises sud-africaines, le hors-série Les 500 propose de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur. « Le chiffre d’affaires des plus “petites” entreprises répertoriées en 1999 ne dépassait pas la barre des 15 millions de dollars, écrit Jean-Dominique Geslin. Dix ans après, ce seuil est de 30 millions de dollars. De la même manière, le chiffre d’affaires cumulé des 500 premières entreprises figurant dans notre palmarès atteint 567,5 milliards de dollars cette année, contre 225 milliards en 1999. Là encore, l’Afrique a doublé la mise. »

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Des entreprises et des hommes

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Pourtant, ils ne disent pas grand-chose des hommes et des femmes qui, au jour le jour, font tourner la machine. Parmi les quelque vingt enquêtes consacrées à l’actualité économique (formation, mécénat, télécoms, transports, etc.), il en est une que l’on dévore. Intitulée « 20 patrons qui ont fait les “500” », il s’agit de vingt portraits d’entrepreneurs à la tête de leur entreprise depuis plus de dix ans. Certains ont prospéré au-delà de leurs espérances, d’autres ont vu tous leurs espoirs s’envoler. Certains sont des hommes publics omniprésents dans les médias, d’autres ne se laissent pas facilement approcher…

Ainsi redécouvre-t-on le singulier George Forrest, ce muzungu né au Katanga qui a su profiter du « pactole géologique » que représente la RD Congo et dont le groupe, 10 000 salariés aujourd’hui, est « le premier investisseur privé et le premier contribuable du Congo ». Ainsi en apprend-on un peu plus sur le magnat du BTP burkinabè El-Hadj Oumarou Kanazoé et sur Issad Rebrab qui, à la tête de Cevital, est aujourd’hui le premier patron privé d’Algérie… Ainsi bénéficie-t-on de nouvelles fraîches concernant le Sud-Africain Cyril Ramaphosa (Shanduka), le Malien Cheikna Kagnassi (L’Aiglon) ou le Tunisien Abdelwahab Ben Ayed (Poulina).

Denrées rares

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Bien entendu, les habitués retrouveront aussi dans les 170 pages de ce hors-série les classements par secteur (hydrocarbures, mines, télécoms…) et par pays, décortiqués dans les moindres détails par des journalistes spécialisés.

Pourtant, les données chiffrées et fiables sur les entreprises africaines restent (encore) une denrée rare : la transparence n’est pas toujours à l’ordre du jour. « Au Nigeria, la NNPC, absente de nos classements en 1998 et 2008, serait première si elle était plus transparente », écrit Frédéric Maury. Un peu plus loin : « Le poids des groupes familiaux, structurés ou non en holdings, reste encore minoré dans notre classement, faute de transparence de la part des groupes en questions. » Les exemples de dirigeants ne souhaitant pas communiquer sur leur entreprise, quitte à laisser fleurir les rumeurs, abondent. Patrons, encore un petit effort !

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