Atcom bâtit un modèle intégré exportable

En lice pour obtenir une licence de télévision au Maroc, la jeune entreprise présente dans la création, l’affichage et la diffusion veut aussi se développer en Afrique.

Publié le 30 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Le dernier bébé d’Othman Benjelloun n’a pas un an mais fait déjà preuve d’un appétit gargantuesque. Atcom, alias Africa Teldis et Communication, le bras armé du financier marocain dans la communication et les médias doté d’un capital de 100 millions de DH (9 millions d’euros), s’est en effet déjà offert plusieurs perles du secteur. En devenant l’actionnaire majoritaire des sociétés marocaines Média Jet, Mosaïk et Sigma, il pose les jalons du premier groupe de communication intégré du royaume, balayant respectivement l’affichage publicitaire, la création et la production.

« Nous cherchons à créer une ­plate-forme qui soit un modèle de succès au Maroc afin de pouvoir le dupliquer ensuite sur le reste du continent », explique Moncef Belkhayat, le président du directoire d’Atcom. Fer de lance de cette stratégie, l’agence de communication Mosaïk, l’une des premières sociétés marocaines dans la création, devrait ouvrir des filiales à travers l’Afrique dès 2009. Premiers pays visés : le Sénégal, la Côte d’Ivoire et la Tunisie, avant d’attaquer le Mali et le Gabon. Ces différents bureaux de représentation travailleront étroitement avec le hub casablancais, qui devrait s’étoffer rapidement de compétences recrutées sur le continent. Et pour boucler la boucle, Atcom devrait s’associer début 2009 avec un partenaire international basé à Paris, dont le nom est encore tenu secret.

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Un modèle de développement approuvé et imité par la concurrence. « Les entreprises marocaines sont de plus en plus nombreuses à se développer en Afrique, confirme Serge Barreau, le directeur de création chez Saga Communication, l’une des plus grosses agences de la place. Nous-mêmes, nous avons noué des partenariats avec des agences dans différents pays africains pour accompagner nos clients. Du reste, le marché de la communication au Maroc est en train de se structurer. L’avenir qui se dessine est en faveur des regroupements. Aujourd’hui, il faut s’ouvrir à d’autres moyens de communiquer. »

Sur sa lancée, Atcom prévoit d’ailleurs d’ajouter d’autres cordes à son arc, comme celle de la diffusion. Elle espère décrocher l’une des deux nouvelles licences de télévision que la Haute Autorité de la communication audiovisuelle marocaine accordera en février. Parmi les différents projets proposés, celui d’Othman Benjelloun a des arguments solides. Atcom, adossée au puissant groupe financier Finance.com, s’est en effet offert des partenaires de choix : Bestv Labs, filiale d’Adecq Digital, qui propose des services technologiques à des chaînes de TV, et Mediterrània, un fonds de capital-risque ibérique créé pour canaliser les investissements vers le Maghreb. Montant global du projet ? 15 millions d’euros, auxquels il faut ajouter 3 millions d’euros dédiés à la création de trois studios de production à Casablanca.

« Ce sera une chaîne low cost, détaille Moncef Belkhayat. Les effectifs seront réduits au minimum, cent à deux cents personnes. Nous ferons appel à des partenaires extérieurs en sous-traitant à outrance. » Quant au contenu, le président du directoire d’Atcom promet de jouer la carte de la proximité avec des programmes de divertissement en arabe marocain ou en français. Une manière de capter les déperditions de l’audiovisuel public estimées à 60 % en dix ans… Mais cette chaîne reste une étape vers la mise en place d’une véritable régie publicitaire. C’est là le véritable enjeu, à même de drainer très vite un retour sur investissement. De quoi nourrir les ambitions internationales d’Atcom, qui lorgne aussi vers les télécommunications et la distribution.

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