Une révolte annoncée

Publié le 31 décembre 2008 Lecture : 1 minute.

La dernière mutinerie des prisonniers de la Maca, qui a fait six blessés et au moins deux morts, les 13 et 14 décembre, était prévisible. Depuis des mois, la direction de la prison savait qu’il y avait un problème et tentait d’alerter les autorités. Avec 5 200 détenus, selon le décompte officiel, la capacité du lieu prévu pour 1 500 prisonniers est depuis longtemps dépassée. Si le déclencheur de cette révolte est, semble-t-il, lié aux nouvelles dispositions sur le droit de visite, la surpopulation suffit à expliquer la colère des détenus.

Dans ce bâtiment construit en 1980, la plupart des prisonniers dorment à même le sol, entassés à 50 voire 60 dans des cellules prévues pour 10 personnes, les latrines sont mal tenues, l’environnement est insalubre et le quotidien violent. « La promiscuité, écrit la Ligue ivoirienne des droits de l’homme [Lidho] dans un rapport sur la Maca publié en 2007, développe l’agressivité, la prostitution, la consommation de drogue, les violences sexuelles et même le meurtre. » Le pénitencier est un vrai village, avec ses chefs de quartier, des détenus qui gèrent l’ouverture et la fermeture des cellules, la cantine (payante), et organisent le petit commerce.

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Des trois bâtiments principaux, le C est le plus dangereux. Surnommé le « blindé », il regroupe les caïds de la pègre abidjanaise. Il y règne la loi du plus fort autour d’activités qui vont du racket au trafic de drogue. â©Les gardes pénitentiaires ont pour seul matériel des fusils d’assaut AK-47, ce qui leur laisse peu de marge de manœuvre en cas d’émeute. Selon la Lidho, les surveillants sont trop peu nombreux et « se font aider parfois par certains prisonniers ». Les évasions, isolées ou massives, sont régulières. 

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