Et si les Européens votaient ?

À l’issue d’une visite à Madrid, le 17 décembre, Abbas El Fassi, le Premier ministre marocain, a affirmé que son gouvernement était « en train d’étudier » la possibilité, pour les élections municipales, d’accorder le droit de vote aux étrangers résidant dans le royaume.

Lors de la dernière campagne législative espagnole, en mars, José Luis Zapatero avait promis d’accorder ce droit aux émigrés installés en Espagne, parmi lesquels 376 000 Marocains. Le projet de loi est actuellement en discussion au Parlement. Mais la Constitution ibérique stipule qu’un tel droit requiert la réciprocité. Ce qui implique donc que la communauté espagnole au Maroc puisse également voter lors des municipales.

El Fassi a prévenu que la mise en œuvre de cette mesure risque de prendre du temps. Elle nécessite en effet une réforme constitutionnelle et l’amendement des textes réglementant les consultations. Tous les ressortissants de l’Union européenne devraient en bénéficier.

Depuis dix ans, de nombreux Européens, attirés par la douceur du climat et le faible coût de la vie, élisent domicile au Maroc. Nouvel eldorado des retraités, le royaume est surtout prisé par les Français et les Espagnols, qui y sont respectivement au nombre de 42 644 et de 6 000.

S’il était instauré, le droit de vote des étrangers concernerait en premier lieu Marrakech et Tanger. Avec 12 000 ressortissants étrangers, dont 6 000 Français, la capitale du Sud est la ville la plus cosmopolite du royaume. Les Espagnols lui préfèrent la région de Tanger, où ils sont au nombre de 2 500. L’arrivée massive d’étrangers a contribué à la flambée de l’immobilier dans les médinas traditionnelles. Du coup, la population locale est souvent repoussée à la périphérie. Dans certains quartiers, l’instauration du vote des étrangers risque de raviver des tensions déjà bien réelles.