Sarkozy change son fusil d’épaule

Publié le 30 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

On le croyait apôtre de la discrimination positive. On le découvre adepte de la méritocratie républicaine. Incontestablement, Nicolas Sarkozy a pris ses auditeurs à contre-pied, le 17 décembre, à l’occasion du discours qu’il a consacré à la diversité dans les locaux de l’École polytechnique.

Aux oubliettes les critères ethniques et religieux qui devaient aider à combler les inégalités dont sont victimes les populations issues de l’immigration. Le président de la République française ne jure plus désormais que par « l’égalité des chances ». De la promotion de la diversité ethnique, on est passé à celle, plus vaste, de la diversité sociale. Une mission que le chef de l’État assigne en premier lieu à l’éducation nationale. Ainsi, les classes préparatoires aux grandes écoles devront, dès la rentrée 2010, accueillir 30 % de boursiers. Le monde de l’entreprise, lui, est tenu de se mettre à l’heure du CV anonyme. Quant aux médias, le Conseil supérieur de l’audiovisuel établira un classement des chaînes de télé en fonction de la place que celles-ci accordent aux minorités ethniques.

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Pour coordonner cette mobilisation générale, le président a créé un « commissariat à la diversité et à l’égalité des chances » confié à l’entrepreneur franco-algérien Yazid Sabeg (58 ans). Bien introduit dans les milieux politiques, ce docteur en sciences économiques est à la tête de CS Communication et systèmes, une société informatique réputée qui travaille, entre autres, pour la défense nationale.

C’est un rapport qui a conduit Sarkozy à revoir sa position : celui que lui a remis, le matin même de son allocution, le comité chargé de réfléchir à une éventuelle inscription de la promotion de la diversité dans le préambule de la Constitution. Présidée par Simone Veil, cette instance, qui réunit parlementaires, juristes, scientifiques, intellectuels et personnalités de la société civile, estime qu’il n’est pas « souhaitable de proposer une réforme trop certainement et trop gravement conflictuelle » et que « les points de vue et les perceptions des uns et des autres sont trop écartés, trop incompatibles et, souvent, trop lestés d’une forte charge passionnelle ».

Dès lors, le président avait deux solutions. Soit passer en force au risque de déclencher un affrontement idéologique analogue à ceux que la France a pu connaître dans le passé – par exemple, sur la question scolaire. Soit contourner l’obstacle au risque de décevoir momentanément les minorités.

Pragmatique, Sarkozy a choisi cette dernière voie. Il n’est pas sûr que ce soit la plus mauvaise. Moins spectaculaire que l’adhésion proclamée à des solutions éprouvées outre-Atlantique, elle a, de ce fait, plus de chances d’aboutir enfin à des résultats concrets. Pourvu que le président n’oublie pas de pousser à la roue. Il semble bien que ce soit son intention. 

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