A l’affiche
N’Djamena City
d’Issa Serge Coelo (sortie à Paris le 24 décembre)
Injustement oublié lors de la remise des récompenses du Fespaco 2007 de Ouagadougou, N’Djamena City prend sa revanche en obtenant une sortie internationale méritée. Une bonne nouvelle – à l’heure où les films africains sont si rares sur les écrans – pour ce long-métrage ambitieux qui traite de façon habile de questions difficiles et éminemment politiques.
L’histoire se déroule au Tchad pendant les pires années d’un régime qui ressemble fort à celui d’Hissein Habré. Un journaliste indépendant, Adoum Baroun, qui projetait de se rendre à l’étranger pour témoigner des atteintes aux droits de l’homme dans son pays, est arrêté à l’aéroport à la suite d’un mauvais concours de circonstances. Il va se retrouver dans les geôles souterraines clandestines qui jouxtent la présidence et desquelles il est presque exclu de sortir vivant. Là règne en effet le colonel Koulbou, un frustré sadique qui pratique les pires tortures sur les détenus en attendant qu’on lui permette, de temps en temps, de créer de la place pour de nouveaux venus grâce à une opération d’« aération » – en clair une série d’exécutions sommaires.
Malgré la noirceur du sujet, qui impose des scènes pour le moins pénibles, Issa Serge Coelo évite l’écueil de la simple dénonciation. Car il a su utiliser à bon escient des procédés de réalisation – flash-back, plans filmés en infrarouge dans les geôles, situations imaginaires qui se passent dans des « bulles de savon » qu’aime fabriquer Koulbou, scènes très chorégraphiées – qui permettent une certaine distanciation sans amoindrir l’intérêt d’un récit qui confine parfois au thriller.
Le chant des mariés
de Karin Albou (sorti à Paris le 17 décembre)
Les deux héroïnes du film, Myriam et Nour, l’une juive et l’autre musulmane, sont deux amies d’enfance qui vivent avec leur famille, l’une à côté de l’autre, dans un quartier pauvre de Tunis. Jusqu’alors inséparables, ces jeunes filles qui viennent de fêter leurs 16 ans se retrouvent déjà à la croisée des chemins en cette année 1942.
L’une, Myriam, doit bientôt épouser, selon le vœu de sa mère, un riche médecin beaucoup plus âgé qu’elle, alors que l’autre, Nour, n’arrive pas à célébrer l’union dont elle rêve avec son cousin Khaled puisque celui-ci ne parvient pas à trouver de travail. Et surtout, la Tunisie du protectorat est alors sous la botte nazie, ce qui va infléchir de façon radicale le destin de chacune d’elles, notamment Myriam, qui se retrouve en butte aux persécutions antisémites.
De beaux personnages, que la réalisatrice, avec son penchant pour le mélodrame, a su mettre en valeur en filmant au plus près leurs émotions et même leurs corps. Mais aussi une vision un peu schématique de l’Histoire, qui pourrait parfois faire croire, alors que la situation ne fut pas celle-là sauf dans des cas singuliers, que le conflit entre les Juifs et la population musulmane était particulièrement aigu dans la Tunisie du milieu du XXe siècle.
Le bon, la brute, le cinglé
de Kim Jee-Woon (sorti à Paris le 17 décembre)
Un chasseur de primes (le bon) et un tueur à gages (la brute) veulent récupérer un trésor dont l’emplacement est précisé sur une carte détenue par un troisième larron (le cinglé). Le tout commence par une attaque de train et se poursuit par une ribambelle de scènes d’action tellement exagérées qu’elles en sont désopilantes. Un film qui est au western-spaghetti ce que celui-ci était au western classique. Un détournement du genre au carré et un dépaysement garanti : le réalisateur est coréen, et la chasse au trésor se passe en Mandchourie !
Louise Michel
de Benoît Delépine et Gustave Kervern (sortie à Paris le 24 décembre)
Contrairement à ce qu’indique le titre, il ne s’agit pas d’un biopic sur la célèbre révolutionnaire morte en 1905. Les auteurs, avec la complicité de deux acteurs épatants (Yolande Moreau et Bouli Lanners) dans les rôles d’une Louise et d’un Michel, nous racontent comment la première, aidée du second, entend utiliser à sa manière les indemnités obtenues à la suite d’un licenciement expéditif : elle décide d’embaucher un tueur à gages pour « buter » le patron voyou dont elle a été la victime. Un film délirant au contenu libertaire.
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