Sasol doit revoir sa copie

La chute des cours empêche le groupe pétrochimique d’exporter dans le monde entier sa technologie de transformation du charbon en carburant.

Publié le 19 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

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Pétrole: l’Afrique face à la chute des cours

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Sasol devra attendre des jours meilleurs. À 50 dollars le baril de pétrole, sa technologie de transformation du charbon en carburant (coal to liquids, CTL) n’est plus rentable. De quoi remettre en question la construction d’une usine, un investissement que David Gray, chercheur à l’institut sud-africain du pétrole, estime à 25 000 dollars par équivalent baril de brut traité. PetroSA, la société pétrolière publique sud-africaine, a d’ailleurs confirmé cette analyse le 11 décembre dernier en annulant son projet de construire une unité CTL d’une capacité de 80 000 barils par jour (b/j), qui devait entrer en service en 2020. Elle aurait coûté 2 milliards de dollars. À la place, PetroSA mise tout sur la construction d’une raffinerie traditionnelle, un investissement de 10 milliards de dollars pour une production de 400 000 b/j. À son entrée en service en 2014, cette raffinerie, située dans la zone industrielle de Port Elizabeth, sera la plus importante du continent. Elle permettra à PetroSA de satisfaire environ un tiers des besoins du pays en carburant.

Sasol restera donc pendant quelques années encore le seul groupe au monde à produire du carburant à partir de charbon, traitant l’équivalent de 150 000 b/j dans une usine héritée de l’apartheid. Pendant cette période, elle a permis au pays de fonctionner en dépit des sanctions internationales qui l’empêchaient d’importer. Sur le dernier exercice, clos au 30 juin dernier, Sasol affiche un chiffre d’affaires en progression de 32 %, à 130 milliards de rands (14,5 milliards de dollars), ce qui en fait la première entreprise sud-africaine (troisième un an auparavant). Les cours élevés du pétrole expliquent en grande partie cette hausse. Sasol détient aujourd’hui plus du quart des capacités de raffinage du pays, réparti entre sa raffinerie traditionnelle (108 000 b/j) et son usine CTL (98 000).

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Sur le papier, la technologie CTL est prometteuse. Avec 847 milliards de tonnes, les réserves mondiales de charbon permettraient 250 ans d’utilisation. Tandis qu’il resterait une cinquantaine d’années de pétrole brut. Les États-Unis détiennent près d’un tiers du charbon mondial, la Russie 20 % et la Chine 15 %. Ce sont ces régions que Sasol Synfuels International, coentreprise créée en 2000 par Sasol et Chevron, a démarchées en priorité. Mais les efforts n’ont débouché qu’en 2005 sur deux projets d’usines GTL (gaz to liquid), au Qatar (34 000 b/j) et au Nigeria (40 000 b/j).

Contrat en vue avec la Chine

Les technologies GTL et CTL sont similaires, la première présentant l’avantage de rejeter moins de matières nocives pour l’environnement que la seconde et nécessitant un investissement moindre. L’usine Oryx, construite en partenariat avec Qatar Petroleum, est entrée en production en août dernier, un an plus tard que prévu. Quant aux travaux à Escravos, l’installation nigériane, ils ne cessent d’être repoussés. Ils ne devraient pas commencer avant 2010, selon Sasol Synfuels, qui a également revu à la baisse son partenariat avec la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC). Estimé à 1,3 milliard de dollars à l’origine, l’investissement prévu atteint désormais 6 milliards de dollars pour une unité capable de traiter le double. Elle fait partie des nombreux projets de diversification que la NNPC ne parvient pas à mener à bien.

Sasol Synfuels nourrit de nouveaux espoirs de développement d’une usine CTL en Chine. Le partenariat noué avec le groupe public Shenhua, premier producteur de charbon du pays, a débouché à la fin d’octobre sur une étape concrète : une étude de faisabilité confiée au cabinet américain d’ingénierie Foster Wheeler et à un de ses homologues chinois, Wuhuan Engineering. Objectif, à terme : la construction d’une unité de 80 000 b/j. En espérant sans doute qu’une fois l’étude terminée le baril de pétrole aura repris de la vigueur.

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