La réforme du secteur pétrolier au point mort

Connue pour être mal gérée et corrompue, la Nigerian National Petroleum Corporation vit-elle ses dernières heures ? L’immobilisme semble prévaloir.

Publié le 19 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

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Pétrole: l’Afrique face à la chute des cours

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Tout le monde attend la réforme du secteur pétrolier nigérian. La population, qui, plus de quarante ans après le début de l’exploitation, n’a pas encore profité de cette manne alors que le pays est le premier producteur en Afrique (2,3 millions de barils par jour en 2007). Les majors – ExxonMobil, Shell, Total et Chevron sont les plus importants opérateurs du pays –, qui craignent que la renégociation des contrats de partage de production tourne en leur défaveur. L’opposition, qui fustige l’immobilisme gouvernemental. Les salariés du secteur, enfin, qui redoutent d’être mis sur le carreau.

Réorganiser de fond en comble la filière de l’or noir faisait partie des promesses de campagne d’Umaru Yar’Adua. Quatre mois après son investiture, en mai 2007, le nouveau chef de l’État a tenu parole, chargeant Rilwanu Lukman, ex-secrétaire général et ex-président de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), de commettre un rapport sur les pistes de la réforme. En août dernier, l’expert a remis son travail.

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Cinq sociétés indépendantes

Si le document n’a pas été rendu public, la colonne vertébrale des propositions est connue : le démantèlement de la Nigerian National Petroleum ­Corporation (NNPC). Créée en 1977, la société, publique, est divisée en douze unités allant de l’exploration (en joint-ventures avec des opérateurs étrangers) au raffinage, en passant par le marketing et la recherche. Un mastodonte inefficace (les quatre raffineries du pays ne fonctionnent qu’à 25 % de leur capacité), devenu au fil des ans un gouffre pour l’État et une vache à lait au service des dirigeants.

Pour limiter les interférences politiques et les conflits d’intérêts, l’idée de Rilwanu Lukman est de diviser la NNPC en cinq sociétés indépendantes, chacune étant chargée d’une étape de la filière. Quant à l’héritière de la NNPC, elle fonctionnerait comme une société privée, qui pourrait lever des fonds sur le marché des capitaux. « Il faut rendre la NNPC plus indépen­dante et plus opérationnelle, responsable devant ses actionnaires », a expliqué, fin août, Odein Ajumogobia, le ministre du Pétrole. Des renégociations des joint-ventures qui ont été constitués avec les majors sont également prévues.

Un ensemble de commissions parlementaires examine actuellement la réforme. À plusieurs reprises, le gouvernement avait promis que l’affaire serait réglée d’ici à la fin de cette année. Mais il apparaît dorénavant évident que le calendrier ne sera pas respecté. « Il y a beaucoup de paroles, beaucoup de bonnes idées, mais rien de concret », estime un diplomate. À titre d’exemple, le torchage du gaz, polluant, devait être interdit à compter de la fin 2007. L’échéance a finalement été reportée à la fin de 2008. Elle non plus ne sera pas tenue. Deux mois se sont écoulés entre le limogeage d’une vingtaine de ministres et la nomination, le 17 décembre, de leurs remplaçants. Combien de temps faudra-t-il avant leurs premières décisions ? Une chose est sûre : le temps de la séparation entre pétrole et politique, comme le souhaitent les réformateurs, n’est pas encore venu. Et les conséquences de la crise économique mondiale, qui pourrait amener le pays à revoir une nouvelle fois ses prévisions budgétaires à la baisse, risquent de ne pas accélérer le processus.

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