Nakba

Publié le 18 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

Côté paillettes, c’est un échec. Les festivités du soixantième anniversaire de la création de l’État d’Israël, en cette mi-mai, auront moins fait recette que l’ouverture du Festival de Cannes. Côté guest stars, c’est carrément un four : un président américain au crépuscule de son mandat et une poignée de ses affidés venus de l’ex-Empire soviétique, c’est encore moins que pour un sommet ordinaire de la Cedeao. Pas un chef d’État d’Europe de l’Ouest, pas un Latino-Américain, un unique Asiatique de Mongolie et un Océanien débarqué de l’improbable îlot de Palau : on comprend mieux pourquoi les quatre Africains présents à Jérusalem ont été choyés comme des envoyés du ciel. Yoweri Museveni, Paul Kagamé, Faure Gnassingbé et Blaise Compaoré, à peine de quoi amortir ce qu’un journaliste de Radio Israël a qualifié de « gifle en plein visage ».La faute à qui ? Aux Israéliens d’abord : seule une minorité d’entre eux dit encore croire en la paix, dès lors pourquoi y croire à leur place ? Aux juifs ensuite : pour la première fois depuis soixante ans, le nombre de ceux qui quittent Israël est supérieur à ceux qui viennent y vivre, dès lors pourquoi vouloir se montrer plus sioniste qu’eux ? À la politique enfin, catastrophique – une seconde nakba –, menée dans la région par le tandem Bush-Olmert, l’un et l’autre discrédités et pour le second au bord de l’inculpation, sous le regard éteint des dirigeants arabes de l’Atlantique au Golfe. Résultat, une volée de sondages publiés en ce mois de mai confirment ce que nous savions déjà : le gouvernement de protectorat de Mahmoud Abbas n’est plus soutenu que par le quart des Palestiniens et le leader du Hamas, Ismaïl Haniyeh, l’emporterait si l’élection présidentielle avait lieu aujourd’hui. No future ? Si, pourtant. Au fond d’une geôle israélienne croupit depuis quatre ans le plus populaire de tous les leaders palestiniens, le seul qui, s’il était libre, serait, selon les mêmes sondages, en mesure de battre le Hamas et d’être l’interlocuteur d’une vraie paix : Marwane Barghouti. Cet homme de 49 ans a été condamné cinq fois à la prison à vie pour son implication indirecte dans des opérations de guérilla qui ont fait, côté israélien, cinq morts. Incarcéré pour « terrorisme », donc. Comme avant lui le furent Mandela et Ben Bella – et comme ne le furent jamais, pour des faits pourtant infiniment plus meurtriers et avérés, les ex-Premiers ministres Menahem Begin et Itzhak Shamir, « héros » il y a soixante ans de la naissance d’Israël. Négocier avec Barghouti exige il est vrai un courage politique dont semble dépourvue une classe politique israélienne tétanisée par la médiocrité. Pour ce faire, ce n’est pas d’un de Gaulle qu’aurait besoin l’État hébreu, mais d’un simple De Klerk. Or même cela semble, hélas, relever de l’impossible.

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