Pays à haute résistance

Publié le 8 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Avec un taux de croissance du PIB de 6,3 % en 2007 selon la Banque mondiale, la Tunisie a montré une année de plus sa capacité à générer une croissance soutenue au fil. Malgré la vive concurrence que subit le textile tunisien sur les marchés européens, depuis leur ouverture totale aux fibres chinoises, malgré la flambée des prix céréaliers et l’alourdissement de la facture pétrolière, le petit pays aux dix millions d’habitants a fait mieux, en termes de croissance, qu’en 2005 et 2006, où le PIB avait progressé de 4 % et 5,7 % respectivement. Signes positifs, les exportations continuent à porter le développement du pays tandis que la part des services continue à progresser dans l’économie, représentant désormais près des deux tiers du PIB. Le poids de l’agriculture tend parallèlement à diminuer. Le pays, de manière générale, confirme sa place de choix parmi les pays en développement : dans son rapport de 2008 sur la compétitivité internationale, le Forum mondial de Davos l’a classé 35e au niveau mondial, devant des pays comme le Portugal ou l’Italie. Notre classement rend de plus en plus fidèlement compte de ces évolutions : la libéralisation et la modernisation de l’économie, sa tendance vers plus de transparence aussi, sont pour beaucoup dans l’émergence de fleurons nationaux privés, dont le chiffre d’affaires grossit chaque année.

Introduit avec succès en Bourse cette année, le Holding Poulina, maison mère du groupe d’Abdelwaheb Ben Ayed, fait son entrée dans notre tableau, directement à la 7e place, avec 681,2 millions de dollars de chiffre d’affaires. Groupe diversifié dont le cœur de métier reste l’aviculture, il devance un autre géant privé, le Groupe Elloumi, spécialiste notamment du câblage, dont la transparence lui vaut d’être classé depuis de nombreuses années dans notre tableau. Un autre nouveau venu, le Groupe Loukil, se place directement à la 15e place de notre classement, avec 294,7 millions de dollars de chiffre d’affaires. Spécialisé dans les équipements industriels, il est également le concessionnaire exclusif de Citroën et s’est développé dans l’informatique. Si d’autres groupes privés, comme TTS (propriétaire, notamment, de Nouvelair Tunisie) ou Affes, apparaissent dans notre tableau, quelques grands noms du paysage économique tunisien font encore défaut : il en va ainsi du Groupe Mabrouk, propriétaire entre autres de SNMVT-Monoprix ou de Sotuchoc-Sotubi, du Groupe SFBT, maison mère de la Société frigorifique et brasserie de Tunisie, des groupes Hamrouni ou Hachicha, et d’autres encore… Gageons que les années qui viennent permettront d’y voir plus clair sur la réelle puissance d’un secteur privé tunisien en plein boom.

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Autres acteurs qui se développent rapidement, les deux grands opérateurs de la téléphonie, Tunisie Telecom et Tunisiana, restent des poids lourds. Tunisiana accède ainsi au Top 10 du pays, avec un chiffre d’affaires en hausse de 22,5 % et 3,7 millions d’abonnés fin 2007. Par ailleurs, les transporteurs aériens sont toujours présents avec la compagnie publique Tunisair, Nouvelair Tunisie ou Karthago. Ces deux derniers, tous deux privés, ont décidé de sceller en 2008 leur alliance en lançant le processus de fusion entre les deux entités. Un rapprochement devenu inéluctable dans un marché très affecté par la hausse des coûts, notamment celui du kérosène, mais aussi par la concurrence que subit la destination Tunisie sur le marché du tourisme à bas prix. L’opération permettra aussi de fournir à la Tunisie une nouvelle entreprise de grande taille dans un pays qui en manque cruellement. Alors que le Maroc compte quinze entreprises dépassant les 500 millions de dollars de chiffre d’affaires, elle n’en recense que neuf. Surtout, alors que la 50e entreprise tunisienne dépasse à peine les 50 millions de revenus, la 50e marocaine se rapproche des 150 millions. Signe que Tunis doit tout faire pour créer des champions nationaux, capables de s’internationaliser et de doper encore la compétitivité du pays. En tête, le pays compte bien quatre mastodontes. Mais ils sont tous les quatre publics et trois d’entre eux sont actifs dans le secteur de l’énergie : la Stir, la Steg et la Société nationale de distribution des pétroles Agil dépassent cette année chacune le milliard de dollars de chiffre d’affaires.

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