Timides espoirs de relance

Publié le 8 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Conjoncture difficile pour l’économie sénégalaise malgré une accélération de la croissance du produit intérieur brut (4,8 % en 2007). L’économie reprend certes des couleurs par rapport à 2006, année où elle était tombée à 2,3 %, contre 5,6 % en 2005. Mais cette relance de l’activité reste toutefois inégalement répartie, puisque l’on constate un certain ralentissement dans les domaines de l’agriculture et de la pêche. Le secteur primaire a, en effet, enregistré des baisses de croissance sensibles, avec des taux de - 2,9 % en 2006 et de seulement 0,3 % en 2007. Dominée par les cultures vivrières (céréales) et industrielles (arachide et coton), l’agriculture a subi de plein fouet les effets de la mauvaise pluviosité de 2006, qui ont été aggravés par les difficultés structurelles auxquelles le secteur est confronté : manque de fertilité des sols, faible approvisionnement en engrais, déficience des structures de commercialisation, notamment pour l’arachide. D’une manière générale, la plupart des exportations traditionnelles du pays – les produits de la mer, mais surtout les phosphates et l’arachide – se sont essoufflées ou sont dans une situation critique. Et le Sénégal a perdu d’importantes parts de marché au profit de ses concurrents.

La crise à laquelle ont été confrontées les ICS (Industries chimiques du Sénégal), la plus grande compagnie de production de phosphates, et qui n’a pas été jugulée, est un autre facteur explicatif de la faible croissance. L’entreprise a dû interrompre momentanément ses activités en 2006, et son niveau d’exploitation actuel est évalué au tiers de sa capacité de 2005. Les raisons de ces contre-performances sont diverses : accroissement des coûts, problème de gestion, conflits avec les clients, appréciation du taux de change en 2004-2005. Un plan de recapitalisation a été défini par l’État avec l’aide de ses partenaires, mais sa finalisation attend toujours.

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En revanche, le secteur secondaire a enregistré une augmentation de la production de 6,3 % en 2007, contre une baisse de 1,7 % en 2006. Le bâtiment et les travaux publics (BTP), quant à eux, sont en plein boom, avec une croissance de 15 % en 2006 et, bien qu’en baisse, de 10,7 % en 2007. Une hausse qui s’explique par le dynamisme de l’immobilier, devenu structurel au Sénégal, et la construction de nombreux ponts, routes et chaussées, en particulier à Dakar. Dans le tertiaire, les transports et les télécommunications affichent de bonnes performances.

Les chiffres d’affaires et les résultats nets de quelques-uns des « poids lourds » du pays reflètent assez bien la conjoncture. À en juger par la progression des chiffres d’affaires, ce sont les entreprises du secteur de l’énergie, des BTP, des télécommunications et des transports qui font preuve du plus grand dynamisme. La preuve, le bond en avant de la Sonatel (télécoms), dont le chiffre d’affaires et le résultat net augmentent respectivement de 310 millions et de 67 millions de dollars entre 2006 et 2007. En pleine vitalité également, la Sénélec (électricité), dont le schéma de privatisation prévoit la scission de la société en trois entités (une filiale pour la production, une pour la distribution et une pour la commercialisation), qui affiche une hausse de 90 millions de dollars de son chiffre d’affaires et la Sonatel mobiles (+ 147 millions de dollars). Parmi les autres entreprises qui améliorent nettement leur chiffre d’affaires figurent la Sénégalaise des eaux (+ 28 millions de dollars), la Compagnie sahélienne d’entreprises (+ 31 millions de dollars) et le Consortium d’entreprises (+ 12 millions de dollars) dans la branche BTP, ainsi que la Sénégalaise de l’automobile (+ 9 millions de dollars). La Société africaine de raffinage (SAR), pour sa part, se situe toujours dans le peloton de tête de notre classement.

En 2008 et 2009, des espoirs de reprise économique existent, avec notamment les travaux de construction de l’aéroport international Blaise-Diagne, dont le coût avoisine les 500 millions de dollars. Et la création de la zone économique spéciale de Dakar, qui doit être aménagée par un investisseur originaire des Émirats arabes unis. Ces deux investissements majeurs pourraient accroître significativement la capacité de production du pays et relancer la croissance.

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