En quête de maturité

Publié le 8 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Le Nigeria a beau être le premier producteur de pétrole en Afrique subsaharienne, il n’a pas pleinement profité en 2007 de l’envolée des cours du baril de brut. De 6,2 % en 2006, la croissance du produit intérieur brut (PIB) est passée à 6,3 %, pour une moyenne annuelle de 6,5 % sur la période 2003-2007.

Cette performance relativement modeste est due à la baisse continue de la production : celle-ci a chuté de 4,5 % en 2006, et de 5,6 % en 2007. Dommage, alors que les prix de l’or noir s’envolent (aux alentours de 80 dollars en juillet 2007, ils battent alors des records). Mais justement, plus les cours grimpent, plus les rebelles du Delta du Niger, la région pétrolifère du Nigeria (au sud du pays), trouvent de bonnes raisons d’exiger un meilleur partage des revenus de l’or noir. Et, pour se faire entendre, ils utilisent des méthodes pour le moins radicales : sabotage des installations et enlèvement des employés (le plus souvent des expatriés) de Total, Chevron et autres… Bref, la panique qu’ils sèment dans la région et les dégâts techniques dont ils sont les auteurs entraîne une baisse de la production. De 2,5 millions de baril par jour en 2006, le niveau est passé à 1,8 million en 2007.

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Néanmoins, les hydrocarbures continuent de dominer l’économie nigériane (37,3 % du PIB en 2007). Cette année encore, le peloton de tête du classement fait donc la part belle aux compagnies du secteur : on en compte quatre parmi les dix premières entreprises.

Les secteurs non pétroliers réussissent cependant à se faire une place. En particulier celui des télécommunications, qui a progressé de 33 % en 2007. Il impose le numéro un du classement, l’opérateur mobile sud-africain MTN. Déjà en tête en 2006, il a réalisé une belle progression de son chiffre d’affaires, de près de 50 %.

Le Nigeria, avec 148 millions d’habitants (ce qui en fait le pays le plus peuplé d’Afrique), est un gisement de clients potentiels encore partiellement inexploité. La chaîne de fast-foods Tantalizers, le McDonald’s version Nigeria, en a profité, qui est parvenue à faire son entrée dans le classement, à la 50e place. Idem pour l’enseigne Ikeja Hotels, à la 44e place, qui profite également de la clientèle d’affaires expatriée.

La place des assurances, secteur qui compte trois représentants dans le tableau – dont un dans le premier tiers, African Reinsurance Corporation –, est un indice du degré de maturité de l’économie du Nigeria par rapport à celle de ses voisins. Ailleurs au sud du Sahara (à l’exception de l’Afrique du Sud), le secteur est encore peu développé. Concerné par une réforme économique visant la concentration des groupes – comme la réforme des ­banques lancée en 2005 –, il est toutefois moins représenté qu’en 2006. Cette année-là, cinq entreprises d’assurances apparaissaient dans le tableau.

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Comme chaque année, l’industrie agroalimentaire est présente en force, avec sept noms, dont deux parmi les dix premiers : Nigerian Breweries (numéro 5) et Flour Mills Nigeria (numéro 6). Relativement nombreuses dans le tableau, les entreprises du secteur, très concentré, sont toutefois rares à l’échelle du pays. Révélateur, l’industrie hors hydrocarbures représente 2,6 % du PIB.

À terme, les investissements sont censés permettre au secteur non pétrolier de se développer. En 2007, ils ont progressé de 15,2 %. Au début de l’année, rien n’était pourtant gagné. Hors des frontières, et particulièrement en Occident, les acteurs économiques ont observé une attitude attentiste à l’approche de la présidentielle d’avril 2007. En dépit de la présence de nombreux observateurs (de l’Union africaine, des Nations unies, de l’Union européenne), elle s’est soldée par de sérieuses violences – près de 200 morts. Mais Umaru Yar’Adua, le vainqueur, a rapidement rassuré : il s’est révélé être un homme consensuel et tout aussi ouvert aux partenaires étrangers que son prédécesseur, Olusegun Obasanjo, qui l’avait en réalité choisi pour en faire son dauphin. Et, si le scrutin a été entaché de graves irrégularités, il n’a pas été suivi du bain de sang généralisé que d’aucuns redoutaient pour un pays rompu aux affrontements entre communautés.

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