Safaricom double Kenya Airways
Avec une croissance de 6,9 % en 2007, le Kenya se maintient sur sa lancée : en 2006, le produit intérieur brut avait progressé de 6,1 %, contre 5,7 % l’année précédente. Une dynamique qui s’accompagne d’un recul du taux de pauvreté, qui était de 46 % en 2006, contre 56 % à la fin des années 1990. Le revenu par habitant suit le même mouvement, passant de 580 dollars en 2006 à 680 dollars en 2007.
Certes, la pauvreté diminue. Mais le paysage ne change pas pour autant : l’agriculture – dominée par la culture du thé et l’horticulture – reste le premier employeur et le premier moteur de l’économie kényane. En 2007, elle représente 27 % de la richesse nationale, soit deux points de plus que l’année précédente. Une progression due à l’augmentation des récoltes (+ 12 % au premier semestre, contre + 0,6 % sur la même période en 2006), elle-même permise par de fortes pluies.
Mais, le secteur reposant sur une multitude de petites entreprises, il n’apparaît pas directement dans le classement 2007. Néanmoins, l’agro-industrie y est représentée par quatre noms : le numéro cinq, East African Breweries, qui gagne une place par rapport à l’année dernière ; le numéro neuf, British American Tobacco Kenya (qui perd deux places par rapport à 2006) ; Unga Group et Unilever Tea Kenya. C’est en effet l’agro-industrie qui a le plus bénéficié de la croissance de l’industrie manufacturière, estimée à 11,5 %.
Représenté dans le classement par Bamburi Cement (7e rang) et East African Portland Cement Co. (16e rang), le secteur du bâtiment n’est pas en reste. Et pour cause : en 2007, la consommation de ciment a progressé de 14 %, contre 12,3 % en 2006, essentiellement grâce à l’essor des investissements publics dans les infrastructures, l’entretien et la remise en état des routes. Signe qui ne trompe pas, les prêts et les avances accordés par les banques aux entreprises du secteur ont progressé de 23 % en 2007.
Conséquence logique du dynamisme de l’activité économique, la production d’électricité a augmenté de 9 % entre 2006 et 2007. La consommation a suivi, qui s’est accrue de 8,5 % sur la même période. D’où la présence, en bonne place dans le classement, de deux spécialistes de la production et de la distribution de courant : Kenya Power & Lighting, à la 6e place, et Kenya Electricity Generating Co., à la 10e.
L’engouement pour les télécommunications observé en 2006 s’est prolongé en 2007, où le nombre d’abonnés au téléphone mobile a progressé de 27,4 %. L’opérateur Safaricom en profite, gagnant deux places dans le classement par rapport à 2006 et se retrouvant… numéro un ! Son chiffre d’affaires a suivi la même ascension, passant de 685 millions à 970 millions de dollars. Un marketing agressif et innovant ainsi qu’une amélioration de la couverture du territoire expliquent ces performances.
En contrepartie, Kenya Airways perd une place. Inamovible leader du palmarès depuis neuf ans, la compagnie se retrouve au 2e rang. Son chiffre d’affaires, de 956 millions de dollars, a progressé de 10 % par rapport à 2006, contre une hausse de 17 % entre 2005 et 2006. Ce qui n’a pas empêché Kenya Airways d’être, en 2007, le premier transporteur africain à faire son entrée dans l’alliance commerciale Skyteam.
Mais le premier bilan de l’année 2008 ne s’annonce pas aussi bon. Les violences qui, au lendemain de la présidentielle de décembre 2007, ont embrasé le pays et entraîné la mort de plus de 1 500 personnes et le déplacement de 300 000 autres ont fait fuir les touristes occidentaux. Entre avril 2007 et mars 2008, Kenya Airways a vu son trafic vers l’Europe diminuer de 8 %. Conjuguée à la hausse du prix du carburant et au nécessaire remplacement d’un Boeing qui s’est écrasé à Douala (en mai 2007), cette diminution a conduit à une baisse de 5,6 % de son résultat net (arrêté au 31 mars 2008).
Plus généralement, c’est le tourisme qui a pâti de la crise politique : au premier semestre 2008, le nombre de visiteurs a chuté de 46 % par rapport à la même période en 2007. Mais, si les prévisions générales de croissance pour 2008 ne dépassent pas les 5 %, l’économie kényane a, de l’aveu des économistes, résisté au choc.
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