Le temps des incertitudes

Publié le 8 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Les milieux d’affaires sud-africains ont eu peur : déjà victimes d’une année difficile, qui a vu nombre de mines fermer à la suite de coupures répétées d’électricité, ils ont craint un moment, à la suite de la démission de Thabo Mbeki de la présidence de la République, de perdre leur ministre fétiche, Trevor Manuel. Celui-ci a finalement été reconduit par le nouveau chef de l’État (par intérim), Kgalema Motlanthe. Ministre des Finances depuis 1996, Manuel est en effet considéré, avec son collègue de la Banque centrale, Tito Mboweni, comme l’artisan de la stabilité et de la crédibilité économique de la première puissance africaine. En 2007, selon les chiffres de la Banque mondiale, l’Afrique du Sud est à nouveau parvenue à maintenir une croissance de 4,8 %. Mais la résurgence de l’inflation et la crise financière internationale restent un sujet de vive inquiétude pour l’économie sud-africaine.

Comme sur le reste du continent, les télécoms restent l’un des secteurs les plus dynamiques du pays. Le groupe MTN, qui aura tenté en 2008 de se rapprocher de deux groupes indiens (Bharti puis Reliance Communications), a gagné quatre places dans notre classement, avec un chiffre d’affaires en hausse de 46 %. Entre juin 2007 et juin 2008, le groupe a gagné 25,8 millions de nouveaux clients, pour atteindre le chiffre de 74,1 millions d’abonnés. Avec une présence dans 21 pays, de Chypre au Botswana, et deux marchés phares, le Nigeria et l’Afrique du Sud, le groupe sud-africain dépasse même cette année pour la première fois l’entreprise publique de télécommunications, Telkom, 5e de notre classement. L’autre grand opérateur mobile d’origine sud-africaine, Vodacom Group, gagne trois places dans notre classement avec un chiffre d’affaires en hausse de 20,6 %. Alors qu’il était encore récemment filiale conjointe de Telkom et du britannique Vodafone, Vodacom devrait désormais être contrôlé majoritairement par le britannique à la suite de la décision de Telkom de lui vendre un certain nombre de ses parts. Cette opération signerait probablement le début d’une nouvelle ère, plus ambitieuse, pour Vodacom, jusqu’ici très en retard dans son développement panafricain.

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L’Afrique du Sud compte en tout cas un nouveau numéro un : Sasol. Le groupe pétrochimique a gagné trois places et 58 % de chiffre d’affaires pour prendre cette place de leader. Fabricant de produits chimiques et pétroliers, Sasol exploite également des mines de charbon et une raffinerie de pétrole, est actif dans l’offshore gabonais et le gaz naturel mozambicain. Il mène depuis quelques années une politique ambitieuse d’internationalisation qui explique en partie, en plus de la hausse des cours de l’énergie, la progression spectaculaire de son chiffre d’affaires. L’ex-numéro un sud-africain, Old Mutual, est sorti de notre classement, n’y laissant que sa filiale sud-africaine, au 30e rang. Non que le groupe ait fait faillite, mais il est à présent britannique et non plus sud-africain, rejoignant la longue cohorte de sièges sociaux d’entreprises qui ont quitté la nation Arc-en-Ciel (dont Billiton, Anglo American, Didata, etc.). Les mines sont toujours bien représentées dans notre tableau : Anglo Platinum profite de l’explosion du cours du platine pour bondir de la 13e à la 9e place et devenir la première entreprise minière sud-africaine devant De Beers Consolidated Mines, la filiale sud-africaine de De Beers (lui-même basé au Luxembourg). De manière similaire, Impala Platinum bondit du 27e au 18e rang. Dans le secteur aurifère, Gold Fields grimpe de la 37 à la 33e place, tandis qu’AngloGold Ashanti, le numéro un de l’or africain, a mal géré l’augmentation des cours et a vu son bénéfice sombrer. Du côté des déceptions, Sanlam a vu son chiffre d’affaires reculer de 24 %. Au premier semestre, l’assureur a annoncé une baisse de 50 % de ses bénéfices, dans un contexte difficile : hausse des taux d’intérêts, chute des marchés… Désormais contrôlé par le premier groupe bancaire du continent, Standard Bank, l’autre grand assureur sud-africain, Liberty Group a également vu ses revenus et son bénéfice fondre sur les six premiers mois de l’année 2008. 

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