Avis de coup de vent favorable

Publié le 8 décembre 2008 Lecture : 4 minutes.

En 2007, le transport aérien mondial a vu le trafic passagers progresser de 7,4 %. L’Afrique a fait mieux, avec une augmentation de 8 %, reflétant la forte croissance économique sur le continent et les effets de la libéralisation du trafic. Celle-ci a provoqué une baisse globale du prix des billets d’avion grâce à l’arrivée de compagnies bon marché et la fin de quasi-monopoles qui permettaient de maintenir des prix prohibitifs. Du coup, la clientèle se faisait plus nombreuse. C’était au temps où le pétrole n’avait pas encore passé la barre des 100 dollars. Les compagnies aériennes n’avaient pas encore mis en place leurs « surcharges carburant » pour répercuter le coût de la hausse du prix du baril sur les billets d’avions. « Nous pouvons dire que 2007 a été la meilleure année depuis longtemps pour le trafic aérien », commentait Giovanni Bisignani, le directeur général de l’Association internationale du transport aérien (IATA), en présentant ces chiffres, fin janvier 2008. Mais il pressentait déjà que « cette performance ne se renouvellera pas en 2008 avec des prix du pétrole plus élevés que jamais et l’incertitude grandissante quant aux conséquences de la crise des crédits immobiliers sur l’économie mondiale ». Dès le mois de décembre 2007, en fait, la baisse d’activité a commencé à se faire sentir, d’abord au niveau du fret puis sur le trafic passager.

C’est dans ce contexte passagèrement favorable que les grandes compagnies aériennes africaines ont, pour la plupart, affiché en 2007 des bénéfices confortables. Mais, paradoxalement, la première d’entre elles, la South African Airways (SAA), enregistre une perte de 160 millions de dollars, soit 5 % de son chiffre d’affaires pourtant en progression de 8 % par rapport à 2006. Dès juin 2007, la direction de SAA a annoncé un important plan de restructuration destiné à abaisser les coûts de fonctionnement de la compagnie avec comme objectif un retour aux bénéfices dans les dix-huit mois.

la suite après cette publicité

Les autres grandes compagnies du continent s’en sortent plutôt bien et semblent ignorer les difficultés dans lesquelles se sont débattus dernièrement les pavillons nationaux plus modestes, notamment en Afrique centrale (Air Gabon et Camair) et en Afrique de l’Ouest (Air Sénégal). Egyptair enregistre une très bonne rentabilité avec une progression de 18 % de son chiffre d’affaires tandis que son bénéfice est multiplié par sept. Toujours en Afrique du Nord, Tunisair conserve une bonne rentabilité pour un chiffre d’affaires qui progresse de 22 %. La compagnie nationale tunisienne a fêté en grande pompe son soixantième anniversaire en octobre dernier. Mais, signe des temps, c’est une compagnie charter, Nouvelair Tunisie, qui dégage la plus forte marge avec un bénéfice net qui dépasse 10 % du chiffre d’affaires, ce qui représente un niveau élevé dans ce secteur du transport aérien soumis à de fortes pressions. Son chiffre d’affaires progresse de 20 % et son bénéfice de 14 %. Fondée en 1989 sous le nom d’Air Liberté Tunisie, cette compagnie charter privée spécialisée dans le tourisme a réussi à prendre plus de 30 % du marché tunisien. Sa fusion avec sa concurrente Karthago Airlines qui devait être finalisée fin 2008 portera cette part de marché à 52 % contre 48 % pour Tunisair. Quant à la RAM (Royal Air Maroc), son inscription sur la liste des privatisables ne va pas sans provoquer des remous au Maroc, où la souveraineté nationale reste une question sensible. Sa filiale charter Atlas Blue connaîtra le même sort.

La doyennne Ethiopian Airlines connaît toujours une progression soutenue de son activité avec un chiffre d’affaires en hausse de 20,5 % et un bénéfice qui régresse légèrement (- 7 %). La compagnie mauricienne Air Mauritius voit son chiffre d’affaires augmenter également de 20 % et opère son redressement financier après une année 2006 déficitaire.

La question de la sécurité des vols reste d’actualité. Le taux d’accidents est très élevé parmi les compagnies aériennes africaines : six fois supérieur à la moyenne mondiale, même s’il est en légère régression. De très nombreuses compagnies aériennes africaines sont interdites de vols hors du continent et parfois même hors de leur pays, la « palme » de l’insécurité revenant aux compagnies de RD Congo, de Sierra Leone et du Soudan.

Sur les mers, l’Afrique du Sud et l’Afrique du Nord imposent toujours leur suprématie en l’absence de compagnies de taille critique en Afrique subsaharienne. Le numéro un du secteur, le sud-africain Grinrod, connaît à nouveau une très forte progression de son chiffre d’affaires (+ 40 %) à 2,52 milliards de dollars, qui a ainsi plus que doublé en deux ans. Grinrod a continué à tirer parti de la forte demande de transport maritime du fait du boom des échanges mondiaux des matières premières et de la hausse des prix qui en a résulté. Le trafic s’est fortement intensifié avec la Chine et l’Inde, et les navires de la compagnie ont été exploités au maximum de leurs capacités. Grinrod estime que le ralentissement économique en Occident ne devrait guère affecter ce flux de trafic vers l’est. D’ailleurs, fin 2007, 75 % de sa flotte était déjà réservée pour 2008. Dans le domaine du fret, Grinrod poursuit les investissements à terre dans les infrastructures portuaires à Maputo et dans plusieurs ports sud-africains. Le deuxième transporteur sud-africain, Trencor, surfe également sur la vague et offre à ses actionnaires un bénéfice en hausse de 50 % et équivalent à près de la moitié du chiffre d’affaires. En Tunisie, la Compagnie tunisienne de navigation (CTN) affiche des résultats plus modestes mais encore confortables avec un chiffre d’affaires en hausse de 19 % et un bénéfice net qui progresse de 13 %. La CTN multiplie les offres commerciales avec l’introduction en 2007 d’un rabais de 50 % en basse saison pour les clients ayant voyagé en haute saison.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires